lundi 26 août 2013

Fanboys chouineurs, je vous conchie

fanboy (nm, pl. fanboys)
1. (Jargon) (Argotique) Se dit de quelqu'un, habituellement un jeune homme hétérosexuel dévoué entièrement à un seul domaine ou hobby de prédilection jusqu'au point où cela en devient une obsession.

chouiner (v intr 1er grp)
1. (Familier) Synonyme de pleurnicher.

conchier (v tr 1er grp)
1. (Vulgaire) (Désuet) Couvrir d’excréments.
2. (Vulgaire) (Vieilli) (Injurieux) Manifester son mépris ou sa profonde indifférence, outrager.

Il ne se passe pas un mois sans que je tombe sur un article de blog ou un message de forum en anglais ou en français dont le sujet est la politique des éditeurs de jeux de figurines et l'apparent mépris que ces éditeurs ont pour leurs clients. Sur le ton de la vierge effarouchée ou sur le ton du goret que l'on castre, ces personnes se plaignent, qe re-plaignent et se re-plaignent encore renforçant pathétiquement leur discours par des exemples personnels aussi pertinents et efficaces qu'une excuse bidon de cancre d'école élémentaire.


mon chien a mangé mes devoirs !!!!!

Perdre mon temps précieux à écrire cet article (et vous, chers lecteurs à le lire) n'est contrebalancé que par l'indicible volupté de rentrer métaphoriquement dans les plumes de ces imbéciles. Mais entrons dans le vif du sujet, de quoi ces gens se plaignent ?


C'est assez clair ?

Eh bien, comme beaucoup de personnes, du coût des choses qui augmentent et de la qualité qui baisse. En bref, l'antienne habituelle du Café du Commerce, habilement relayée par des journalistes en mal d'inspiration.

Appliquée à notre hobby à nous, cela donne ça, morceaux choisis :
"Games Workshop va encore augmenter ses prix !"
"Tout ça pour nous pondre les mêmes merdes en Failcast !"
"Et puis, vous avez vus les sorties de Septembre, non mais, l'équipe de design a 10 ans ou quoi ?"

Très similaire à :
"Le PSG a encore perdu."
"Tout ça c'est la faute de Blanc, l'entraîneur à deux balles payé une fortune !"
"Et puis vous avez vu les transferts de l'été ? La super équipe de bras cassés qui vaut des millions !"


C'est aussi mon dernier mot.

Je pourrai décliner cette litanie dans 2 ou 3 autres domaines en plus du foot et de la figurine. Ces domaines ont comme point commun et particularité la passion qu'ils engendrent chez leurs fidèles. Et la passion nourrit et se nourrit elle-même de l'irrationalité avec laquelle elle va de pair.


Ridicule on vous dit.

Partant de là, il est donc vain d'opposer à ce type de discours les arguments que la raison impose d'y opposer. La cible y est totalement imperméable, engoncée qu'elle est dans un manteau de certitude et de préjugés.

Cette cible, archétype de l'auteur putatif des exemples susmentionnés c'est le fanboy chouineur.

Il existe deux types de fanboys : Le fanboy enthousiaste et le fanboy chouineur.

Le fanboy enthousiaste fait corps avec sa passion, pour le meilleur et pour le pire, dans le bonheur et dans l'adversité. Celui là se tait sauf pour exprimer toute la joie qu'il a de voir s'annoncer le nouveau codex Space Marsouins et la future boîte de Vétérans d'appui en plastique ou, au contraire, pour consoler un autre fanboy extrêmement déçu du look des Centurions en lui disant que c'est pas si mal, qu'un peu de conversion de pose et une bonne peinture contrastée en feront de beaux modèles.

Le fanboy chouineur, lui, va se plaindre de tout, le faire savoir partout autour de lui et ira jusqu'à émettre l'ultimatum de l'abandon de son hobby parce que, vous voyez, il "en a marre". Inutile de dire que la plupart n'abandonnent rien du tout. S'ils arrêtent de jouer à WFB, c'est pour mieux acheter 600€ de figurines pour W40K.
Et ça, bien sûr le fanboy chouineur ne s'en vantera jamais car le fanboy chouineur est hypocrite.

Mais d'où vient cette propension à se plaindre ?

Je ne vais pas faire de la psychologie de bazar mais les gens qui se plaignent beaucoup le font pour attirer l'attention. Ce qu'ils font de cette attention durement gagnée (au prix du ridicule souvent) reste un mystère mais il semble que les fanboys chouineurs s'attirent les uns les autres par leurs plaintes lancinantes et répétées et finissent par consituer des systèmes autonomes et étanches.
Et ça, ça fait très plaisir au fanboy chouineur car le fanboy chouineur est narcissique.

Ainsi leur narcissisme se voit auto-alimenté par le soutien de leurs pairs mais malheur au joueur bien intentionné ou pire, au fanboy enthousiaste qui entrerait dans ce système pour en rappeler les membres à la raison ou pour les ramener vers la lumière de la saine obsession. Les fanboys chouineurs surtout lorsqu'ils sont en meute pourchassent avec hargne toute opinion dissidente de la leur.
Et ça, c'est parce que, finalement, le fanboy chouineur est sectaire.

Comment survivre face à une meute de fanboys chouineurs ?

1. Opter pour l'indifférence et le mépris.
Cette tactique nécessite sang-froid et détachement mais elle évite toute confrontation directe.

2. Détourner leur attention.
Cette tactique requiert doigté et psychologie. Il faut identifier un sujet anodin que vous leur balancerez d'un ton neutre et sur lequel ils se jetteront comme des chacals. Ceci va dépassionner le débat, au moins pour vous car vous aurez pris soin de choisir un sujet dans lequel vous n'avez personnellement qu'un intérêt limité.

3. Les Diviser.
Attention, cette tactique peut être dangereuse pour vous car il suffit que vous preniez parti pour l'un des camp pour vous transformer immédiatement en fanboy chouineur vous-même !

4. Devenir le Chouineur Alpha.
Si vous avez raté la mise en place de la tactique numéro 3, bravo, vous êtes devenu un fanboy chouineur. Mais vous ne supportez pas vos nouveaux camarades de jeu et cela vous fait chouiner. Eh bien, nous avons la solution, devenez Chouineur-en-Chef, vous en récolterez prestige et reconnaissance, de quoi satisfaire votre propre ego de misérable tartuffe du hobby.

Vous vous reconnaissez dans ces portraits ?
Vous êtes un fanboy enthousiaste ? Bravo, venez écrire un commentaire en barbapapa rose sous cet article.

Vous êtes un fanboy chouineur ? Bravo également, si vous écrivez un commentaire pour vous plaindre, je le supprimerai.

vendredi 23 août 2013

GenCon 2013 : état des lieux et impressions à chaud.

La GenCon était le weekend dernier et pour une fois je ne vais pas traîner pour en parler.

Les 4 meilleurs jours de jeu qu'on vous dit !!!


Je ne voulais pas faire de mise à jour en direct, parce que d'autres blogs pros le font très bien. Mais j'avais très envie de partager mon avis avec d'autres que moi. Je parlerai de ce qui fait de la GenCon la convention à ne pas manquer. Je verrai ce qui est sorti, va sortir (uniquement les grands points qui m'ont marqué) et enfin je parlerai de mes impressions sur le monde du jeu, les pratiques des exposants, et ce qui fait qu'à la fin, j'ai peut-être un goût plus amer que prévu à la fin de la GenCon, partiellement dû au traditionnel "convention blues" mais pas que...

Tout d'abord, les points positifs en général : encore plus de monde, encore plus de tables de jeu, encore plus d'exposants. C'est simple entre l'an dernier et cette année, l'espace exposant a été doublé, et sans remplir à grand coup de jeux vidéos. Cela veut-il dire que l'industrie relève la tête ? Nous en parlerons sans doute. La réponse est plus complexe.

L'espace de jeu était colossal. Imaginez des milliers de tables alignées, prévues pour tous types de jeu, des tournois de Warmachine aux parties de Super Dungeon Explore, de Heroclix et de Magic mais aussi énormément de RPG. Ouvert 24/24, l'espace de jeu peut vous permettre de squatter une table vide et jouer avec vos amis mais attention, si un orga de tournois en a besoin, vous êtes cuits et il faut remballer sans discuter. Normal. Mais frustrant car finalement, il y a peu d'espace libre. Où plutôt, il n'y en a aucun dans la journée. Après 22.00, c'est déjà plus facile. À 3.00 du matin, vous êtes tranquille, vous pouvez même dormir sur les chaises alignées, personne ne dit rien.

Un panorama de la moitié de la salle de jeux. Ouverte 24/24 pendant 4 jours.


Les orgas amateurs restent jours et nuits pour certains événements. Ainsi l'Iron Arena de Warmachine (jeu libre contre autant d'adversaire que vous voulez, en format libre, avec des succès à débloquer, permettant de gagner des points à échanger contre des lots allant de la carte édition spéciale au poster en passant par le bandana et le trophée...) permettait pour 2 tickets génériques (cf. Le système de tickets pour les événements de la GenCon) de jouer de façon illimitée pendant 4 jours sur des tables joliment décorées avec 5 éléments de décors et certaines tables en décor fixe, vraiment jolies.

De même chez FFG qui avait des tables bleues sur lesquelles l'on pouvait jouer à leurs jeux toute la nuit. J'ai vu des joueurs commencer une partie de Twilight Imperium le vendredi soir et y être encore le dimanche midi... Honnêtement, le jeu en vaut la peine (même s'il est buggué et que les rouges ne peuvent plus perdre une fois qu'ils ont deux battle stations)

L'espace exposant était vraiment fourni. Et plutôt structuré, enfin presque.
Les big ones étaient là avec leurs stands tentaculaires.
- FFG et ses 1000m2 de jeux qui durent 3 jours,

Venez à la GenCon essayer nos jeux et rien que nos jeux, vous n'aurez pas le temps d'en essayer d'autres !
- Privateer Press qui a maintenant 500m2 et un joli stand en dur dont deux faces servent de vitrines (mal éclairées, comme toujours) et une face de stand de peinture. La dernière face c'est la caisse.

Même la garde impériale veut changer de jeu !
- Wyrd avait 100m2, pleins de leurs nouveautés plastiques assez impressionnantes, notamment au moment d'attraper la boîte et de se demander s'il y a quelque chose à l'intérieur tant elles sont légères.

Aaaah, mes yeux, ils fondent !!!
- Battlefoam était là aussi avec un stand honorable de 100m2 divisé en une grosse partie pour les sacs, bien présentés sur des étagères et deux petits stands pour Infinity et Wild West Exodus. Sur l'un, l'artiste qui dessine les mechas faisait des dédicaces magnifiques. Sur l'autre, l'équipe faisait des démos et présentait leurs modèles de production en avant première.


La rolls du sac. Qui coûte d'ailleurs le prix d'une rolls.
- Enfin, CoolMiniOrNot avait un stand de 300m2 tout en longueur divisé en deux par des vitrines très remplies (et mieux éclairées). D'un côté des tables de démos, de l'autre des tonnes de cartons avec des boîtes et blisters à vendre. Leur stand était un peu comme leur site web : un abominable bordel avec quelques perles à l'intérieur.

Bordel, vous avez dit bordel ? Comme c'est bordel !
À côté des éléphants, les petits étaient là avec des stands de fabricants de figurines qui étaient là pour révolutionner le monde avec leur lot habituel de "règles complexes mais pas compliquées" et leurs "univers originaux". Je vais faire mon vieux con aigri trois secondes, mais si j'avais eu un enfant à chaque fois que l'on sorti ces deux phrases dans un argumentaire de démonstration, j'aurais deux équipes de foot complètes et sans doute une autre de basket avec le banc de touche rempli... J'en ris d'autant plus qu'en 2006 on disait la même chose d'AT-43 mais au moins c'était vrai. Depuis les jeux ne font que se complexifier ou sont des jeux de plateau simplistes dont le prix exorbitant est justifié par un quota de figurines.

Je vais évacuer tout de suite quelque chose à propos du salon : il y avait des tonnes de jeux de plateaux et comme d'habitude avec ce type de jeu : tout se ressemble.

FFG démontrait ses nouveautés et ses previews, comme Diskwars. Comme prévu, c'est pourri comme l'ancien, mais avec l'univers de Warhammer dessus. Et ça va se vendre comme des petits pains sur les 10 premiers mois, grâce à des ruptures savamment orchestrées...
Je joue aux Pogs. C'est juste plus cher.
Privateer Press démontrait (et était presque sold out, chose rare sur leurs jeux de plateau) High Command, leur jeu de carte non collectionnable pour deux joueurs ou plus. C'est du Magic avec un peu de LCG du sus-mentionné FFG. Bref, pas pour moi.

Dropzone Commander présentait un starter Plastique à un prix accessible (il était temps).

Epic. En plastique. Avec des véhicules bizarres.
CMON présentait tous ses projets Kickstarters, pardon, ses jeux divers et variés.

J'ai même fait une partie très amusante de SDE avec mes amis et ma femme. Ok, on a tout défoncé parce que le paladin et la soeur de bataille sont complètement fumés, le jeu n'est pas équilibré, les figurines ne servent pas à grand chose (et à titre infiniment personnel, sont moches) et la rejouabilité est proche du zéro absolu si on n'est pas fan du Kawaï. Mais pour faire des blagues graveleuses, c'est idéal.

Le jeu de tranchée avec... D'autres figurines Kawaï, c'est Memoire44 rencontre Dust. Je me retiendrai donc d'émettre un jugement de vive voix mais je me retiens avec difficultés (je vous renvoie à SDE pour les figurines).
C'est juste le diorama pour faire joli. Le jeu est moche sur un plateau en carton fin à cases.
Enfin, ils présentaient Confrontation Phoenix... non je rigole, on sait maintenant que cela ne sortira pas parce que les ukrainiens ils sont trop trop méchants ! Ils présentaient Wrath of Kings, leur succédané en mode PG-16 avec tous les codes nauséabond de la "geekerie-huhuhu-nichons-cul" qui va faire que tout les pseudos nerds en manque vont se ruer dessus. Donc des gonzes en armures lourdes avec des pointes partout (je vous ai dit que les dessins sont d'Edouard Guiton ? Ce mec a un talent fou, il est juste victime de directeurs artistiques dotés d'une imagination d'huîtres et d'une libido abusant de la lécithine de soja transgénique) et des gonzesses qui ont de la chance quand elles ont un pagne ou une bandelette pour protéger leur vertu (et leurs bonnet FFF) et augmenter leur classe d'armure. Bref, ridicule. Sinon, le jeu se joue comme Confrontation : escarmouche longuette avec poutrocentre comme scénario. Excusez-moi, je vais chercher ma couette et mon oreiller. Principal argument de vente du gars de CMON en mode "insider, je ne vous ai rien dit mais je vous dit tout" ? Le jeu s'il cartonne comme leurs autres KS à coup de million, le pledge à 200 dollars va être tellement rempli qu'il en deviendra"indécent". Wow, merci du scoop. Non, sincèrement, je me demandais justement comment ne pas claquer 200 dollars...
La totale, dès le starter : des nichons, des culs, des pointes... Et une absence totale d'originalité.


J'en profite pour faire une sortie sur les conventions de jeu et les jeux comme WoK : aux USA, le cosplay est roi et il y a de tout. Souvent du très joli et très travaillé et cela, même pour les amateurs qui font cela en papier mâché. En revanche, il y a le cosplay puant, celui qui est là pour montrer le maximum de chair en un minimum de temps. Et là, vous pouvez compter sur CMON pour mettre la dose. Vous êtes littéralement assaillis par leurs booth babes poitrinaires et légèrement vêtues de latex coloré. C'est d'autant plus agressif que le stand d'en face, deviant cosplay, se vante carrément d'avoir une backroom avec les photos de leurs modèles très très légèrement vêtus... Bref, du porno bas de gamme encore une fois ciblé pour le geek automasturbatoire à la douche aléatoire. Je n'avais pas ressenti un tel malaise depuis la Japan Expo et ses gamines de 14 ans habillées en dominatrix ou en écolières. Bref. Krabeurk(c).
La poésie se trouve aussi dans le costume. Prends-en de la graine, Mme Bourbonnais-vulgos.


Alors, après avoir dit du mal de CMON comme j'aime le faire. Après avoir craché sur les jeux de plateau et leur clientèle de veaux qui claquent des fortunes pour des one-shots foireux auxquels ils ne rejoueront jamais. Après avoir vomi sur les cosplayers et leurs clients proxénètes, que reste-t-il me direz-vous ? Et bien c'est la magie de la GenCon : des tas de choses.

Tout d'abord, je vais parler d'un jeu que j'ai vraiment aimé, jouable par tous : Gobblet Gobblers chez Blue Orange Games. La boîte est à San Francisco mais tenue par des Français. Ils sont les éditeurs US de Dobble, autre chef d'oeuvre du jeu familial rigolo. Dans Gobblet Gobblers, vous jouez au tic-tac-toe mais les croix et les ronds sont remplacés par des petits, moyens et grands monstres qui se mangent mutuellement en se sautant dessus, permettant de varier les combinaisons de ligne au fur et à mesure de la partie. C'est fun, c'est rapide, c'est compréhensible par une fille de 7 ans qui n'aime que le UNO. Bref, c'est génial et tout en bois coloré.
C'est aussi un jeu à boire...


Ensuite il y a les bonnes surprises ou les choses attendues : la GenCon est rarement la source de nouveautés, le web étant toujours plus rapide, mais certaines conférences, les discussions avec les éditeurs, auteurs ou patrons de boîtes permettent toujours d'en savoir un peu plus ou d'en attendre un peu plus que "met 200 dollars tu auras des trucs fous"...

Et puis les avant-premières et les exclusivités de salon. Les lecteurs fans de JdP-JCC savent de quoi je parle. Sur chaque stand il y a quelque chose à voir et à ramasser. Sur chaque événement aussi. C'est l'occasion de repartir avec une valise plus pleine qu'à l'aller, remplie de choses gratuites.

C'est l'occasion pour les rôlistes de sortir de leur bulle et de découvrir de nouveaux jeux, le stand de RPG Drivethru qui présentait ses dernières nouveautés en Print On Demand (d'excellente facture st dit en passant), celui de Pathfinder rempli de livres avec des gens lisant les livres par terre sans interruption, puis allant à la caisse pour les acheter avec un grand sourire (surtout le dimanche avec les discounts pratiqués par les deux stands...).

Mais surtout la GenCon, c'est le temple absolu du jeu. Je suis malade, j'ai dormi 4 heures par jour pendant 3 jours, mais j'ai joué à ce que je voulais avec des gens intéressants, différents, que je ne vois pas souvent ou jamais, dans une ambiance bon enfant. Et pour cela, cette convention vaut le coup. Y aller en touriste est un investissement, mais vous trouverez forcément ce que vous voulez.
A titre professionnel, mon bilan est en demi-teinte. Je suis très déçu par l'attitude de certains éditeurs.

Je ne reviens pas sur CMON, j'en ai assez dit. Mais ma déception va de détails comme la disposition du stand PP à des choses importantes comme la présentation des produits sur le stand Wyrd ou l'exiguité du stand de démo de WWX.

Si je devais faire un Salon 101, je dirais à WWX de ne pas mettre une vitrine entre deux tables de démos. C'est brouillon, les gens se bousculent pour aller sur l'une où l'autre et personne ne voit rien vraiment. Sans parler du bouchon dans l'allée. C'est triste car les figurines sont jolies, le plastique est vraiment de qualité (du vrai plastique dur un peu plus lourd que celui de Wyrd) et le jeu est sympa en petit format.
C'est superbe, si on arrive à s'approcher.
Je dirais volontiers à PP (correction, je leur ai dit) que leur stand divisé en 3 : vente, démos de JdP et démos de figurines, est une fausse bonne idée qui fait que l'on repère mal si l'on peut jouer au jeu, comme celle de mettre le peintre face à l'allée parce qu'encore une fois il est difficile de s'arrêter pour le voir finir le Colosse nain. De même la sélection des produits amenés, hors avant premières et exclus (épuisées en une matinée le jeudi grâce à une queue de 1,5km de long qui s'étalait sur deux étages du centre de convention), était chiche et du coup, je suis reparti sans rien. On sent aussi que le Kickstarter a mis leurs habituels projets en stand by...

Sur le stand Wyrd, la problématique est différente. Tout d'abord les tuiles noires et vertes sur le sol, c'est horriblement moche et triste. Ensuite les boîtes nouvelles sont belles mais majoritairement noires aussi, sur des étagères noires. Et ce n'est pas un pauvre bandeau de couleur de faction qui va y changer grand chose quand il est bordeaux ou bleu marine... Et les figurines présentées au dos des boites sont les rendus 3d, pas de figurines peintes ni même les sculptures finales. Du coup, c'est beau mais monochrome et surtout trompeur sur la qualité et la taille des figurines.


Le stand de Mantic ? On essaiera de me faire croire qu'ils sont remplis de succès mais leur stand ne le laisse pas paraître. Je suis passé devant 2 fois avant de le trouver 1 table de Bloodbowl, enfin de Dreadball avec deux plateaux, un "diorama" de Kings of War (KoW, à ne pas confondre avec WoK) et c'est tout. Rien sur leur dernier KS de pompe de Necromunda. Rien sur le jeu futuriste qui n'est pas warhammer 40,000... Vraiment bizarre.

Le stand de Warlord : deux tables de démos, une boothbabe très vaguement vêtue comme un soldat avec décolleté en plastique prépeint... Mais paradoxalement une bonne activité tout le weekend pour montrer leur jeu qui est vraiment agréable à jouer.

La blague ultime : games workshop avec un microstand, un diorama qui abuse du devlan mud et... De la communication institutionnelle pour convaincre les revendeurs de vendre leurs produits. Lamentable. 

En somme Internet et Kickstarter ont tué le principe de l'excitation de la nouveauté sur une convention, même la GenCon. Et les éditeurs sont toujours aussi prudents et frileux quand il s'agît faire nouveau ou original. On prend des recettes éprouvées et on les boit jusqu'à la lie. Rien de vraiment condamnable mais parfois, c'est frustrant de devoir être un fan boy pour arriver à s'enthousiasmer sur la partie "exposants".

De plus je le dis et le répète mais les petits nouveaux qui arrivent par poignées sur le marché ne font rien de nouveau (ni même de bon pour la plupart) et les nouvelles gammes de figurines n'apportent rien aux anciennes. Encore une fois, exceptions notables de WWX quand on parvient à accéder aux vitrines ou Carnevale qui seront donc mes deux chouchous de 2013 par leur univers et certains choix de règles méritoires même si un peu hors le temps...

En somme je concluerai en disant que la Gencon mérite son slogan de "best 4 days of gaming" et que c'est un rendez-vous immanquable. Mais clairement pas pour aller y faire des courses. Et cela n'a aucun rapport avec le fait que je n'ai pas non plus trouvé le pot de Quickshade dont j'avais besoin pour finir mes Cryx parce qu'ils étaient déjà tous vendus... OK, peut-être un peu.

Alors, vous y allez ?

mercredi 21 août 2013

Kickstarter et la Pêche à la Baleine

Je suis longtemps resté silencieux sur ce blog, surchargé que j'étais par un travail très prenant, trop prenant même.

Je suis aussi resté coi car je ne désirais pas parler de certains sujets pourtant porteurs et d'actualité comme le raz de marée Kickstarter ou même les difficultés d'un travail de traduction pour Warmachine et Hordes.

Mais voilà, un mois de travail non stop dans tous les sens, ça vous fait abjurer votre foi et toutes vos promesses, et vous cédez aux sirènes conjointes de la tentation modeuse et de la râlerie post-traumatique.

Du coup, dans ce billet vous mangerez du Kickstarter, ça vous apprendra à lire des blogs au boulot. Pour la traduction, ça attendra un autre blog.

Kickstarter, c'est l'alpha et l'oméga de la relation amour/haine du collectionneur avec ses déviances.

Kickstarter est le numéro un mondial du financement participatif (la VF de crowd-funding), monté par Amazon dans un garage New-Yorkais pour attirer les yuppies sur le retour mais reste pour le moment réservé aux USA et la Grande Bretagne (sur le plan juridique, dans les faits, c'est une blague).

C'est LA plateforme où il est bon d'être quand on veut un projet qui ait du succès.

Soyons clair, Kickstarter c'est un ignoble gloubiboulga organisationnel bordélique. Les pages produits sont des fourre-touts abscons qu'il faut lire des dizaines de fois avant de savoir à quel point la carte bleue va souffrir.

Grosso modo, vous vous engagez à apporter un financement plus ou moins important, en échange duquel vous obtenez des contreparties proportionnelles à votre potlatsch. Cela va du simple merci à un oeuvre d'art originale ou une soirée avec une star montante du cinéma ou de la télé.

Outre ces contreparties de base, vous pouvez allonger plus de thunes pour acheter des suppléments, c'est la partie la plus simple en théorie d'un kickstarter. Tu paies, tu prends, merci Monsieur, au plaisir de vous revoir.

 Sur le papier, c'est beau. On claque le même argent que d'habitude dans notre hobby avec deux avantages supplémentaires pour notre égo :
- l'impression de faire du bien à la communauté en lui permettant d'entasser plus de trucs dans des boîtes qui prendront la poussière.
- l'impression que l'on a vraiment le produit que l'on souhaite puisque par notre financement, on valide une démarche créative et commerciale.

Cette flatterie de l'égo du joueur (qui sous des dehors réservés voire "socially retarded", oui, je vous laisse traduire cela, est en fait incroyablement imbu de sa personne et à la recherche de la gloire absolue d'être reconnu par ses pairs) est à double tranchant et c'est ce qui me fait vomir sur KS sur la page Facebook du spécialiste mondial du Krakaje, Geek Level 60.

Le premier problème issu de cette démarche est qu'en réalité, si la boîte n'est pas connue par ailleurs, son KS (oui, c'est branchouille de mettre des acronymes) restera... Inconnu. En effet, la plateforme KS se goinfre 10% de ce que l'appel de fonds obtient mais en contrepartie, elle vous assure un référencement Google renforcé de fait et... C'est tout !

C'est à vous pauvre petit éditeur/créateur de faire l'effort Marketing nécessaire pour espérer attirer le chaland donc le budget que vous n'avez pas pour sortir votre produit, il vous faudra le trouver pour en parler aux gens qui peut-être l'achèteront... Ou pas.

Vous allez me parler à juste titre du capitalisme et du risque-entrepreneur et vous aurez raison. Mais contrairement à ce que certains de mes amis pensent, le capitalisme ce n'est pas l'exploitation de l'homme par la plateforme de financement. Et pour 10% de la somme gagnée, je pense que le service pourrait être un peu plus complet. Comme des pages personnalisées, plus claires, plus favorables à la démonstration d'un produit ou d'une offre parfois complexe (livre, figurines, etc...) ou encore un guide marketing plus complet que ce qu'ils proposent aux créateurs de projets...

Le deuxième problème de ce mode de financement vient justement de la double illusion d'appartenance du projet aux financeurs. Les gens ont un mal de chien à donner leur argent en aveugle sans en retirer un sentiment illégitime de propriété sur le projet.

Cela s'exprime par le pledge militant, qui est positif dans un sens mais qui est aussi un vrai appel à la compulsion immédiate : j'ai pledgé, venez tous me soutenir pour que j'aie plein de choses, oui, vous aussi, bien sur mais surtout moi. Les revendeurs locaux ? Mais si le KS marche, cela marchera pour eux aussi...
Que les choses soient claires, c'est un leurre ou une incroyable coïncidence quand un jeu KS marche en boutiques aussi. Les distributeurs se font berner, les revendeurs aussi mais le client final cible prioritaire, que l'on peut appeler "Baleine" en référence au milieu des casinos, a déjà acheté et ne va plus dans sa boutique pour ce produit. Et l'on voit des boîtes empilées chez son boutiquier amical qui ne comprend pas forcément très bien pourquoi un projet a pris un million et dort sur ses étagères alors que l'éditeur/ le distributeur se félicite d'être sold out. Et ne me lancez pas sur les quantités produites pour justifier l'épuisement des stocks, je vais pouffer...

Cela s'exprime par le pledge attentiste. C'est le gars qui a chaque campagne nouvelle vous dit : "mouais, pour le moment ce n'est pas très intéressant, il n'y en a pas assez dans la boîte."
Il va finir par allonger la thune, mais il a cette priorité dans la tête : "j'en veux pour mon argent". Et cela ira à l'encontre de l'idée même du financement participatif, qui veut que l'on donne son argent en espérant s'y retrouver et pour motiver les autres indécis à faire de même. Avec des gens comme cela, le rail n'aurait jamais atteint la Californie au 19ème siècle.

Enfin cela s'exprime par le pledge pseudo-économiste, aussi appelé "le spécialiste de tout". Celui-là mérite très honnêtement la pendaison par... Ce que vous voulez, mais pendez-le!
Il vous explique en long, en large et en travers que votre projet est pourri/odieux, allant jusqu'à le qualifier d'escroquerie parce qu'au fond... Il ne le satisfait pas suffisamment.
Que les choses soient claires, un projet peut parfaitement être bancal et être sa propre victime par manque de préparation en amont. Nous en avons tous vu plus d'un, qu'ils soient couronnés de succès ou des échecs retentissants.
Mais le pledgeur spécialiste est celui qui va faire des calculs savants basés sur son expérience encyclopédique d'à peu près tout et va vouloir démontrer le bien fondé de sa démarche destructrice à tout le monde. Et cela pas pour convaincre réellement, pas pour partager avec d'autres mais tout simplement pour évacuer la frustration toute Kickstartienne de voir un projet qu'il aurait envie d'aimer lui échapper pour des raisons contre lesquelles il ne peut rien. Pour résumer en une phrase : "Ça va se planter, si j'avais fait ce projet, j'aurais fait mieux".

Bref Kickstarter c'est une gigantesque marmite d'égos ludiques qu'il faut mettre en relation (je pourrais parler de celui du créateur qui croît forcément que son produit est un succès en devenir) du mieux que l'on peut.

Pourquoi cette longue introduction à un sujet que vous connaissez déjà ?

Ces derniers temps, mon expérience De Kickstarter a pris des niveaux. Je me suis occupé pour le travail de certains projets, et j'ai enfin pledgé pour la première fois le mois dernier.
Après avoir raté tant de projets tentants et remplis de succès (cf mes autres blogs), j'ai sauté le pas pour Warmachine : Tactics. Un jeu vidéo dans l'univers de mon jeu favori du moment ! Et qui permet d'avoir des figurines en plus, en édition hyper limitée (enfin, que la sculpture, le profil lui sort dans le prochain bouquin) ? Banco ! Double banco ! Faites sauter la banque !
Plus besoin de bruiter les robots à la bouche.
Comme je suis un vieux ronchon, je ne suis pas hyper content que certains add-ons soient payants, du coup, j'ai limité mon pledge au minimum syndical pour avoir les figurines de mon armée. Comme dirait Super Résistant : "c'est toujours ça que les boches n'auront pas !"

Le jeu vidéo en lui-même parait plaisant sans réinventer la roue et puis voir des warjacks se mettre des coups de tête, c'est toujours plaisant.
Coup de boule en phase d'approche.
Malgré cela, participer à un Kickstarter est une expérience pas vraiment déplaisante ni vraiment plaisante. Oui, on se construit sa propre excitation à se payer un truc plus ou moins exclusif ou en avance. Oui, on aide des projets auxquels on croit (enfin, en principe), oui, on se paie des bonshommes et ça compte ! Mais l'on doit attendre un long mois que le projet se termine, une période encore plus longue avant que le produit ne soit dans ses mains, l'on se prive du contact souvent agréable avec son vendeur préféré.

Dois-je parler de la déception à la réception de certains produits? Comme Bones de Reaper, qui démontre que quand on paie pour de la merde, on obtient de la merde. Ou le Zombicide de CMON, qui change les traits de personnages sans avertir personne pour de sombres histoires de droits (je vous ai parlé de l'amateurisme dans le milieu du jeu ? Non... Ce serait un bon article à faire aussi...).

Vous avez fini de scroller ?


Bref, le virus ne m'a pas vraiment atteint et tant que Kickstarter sera une foire à la promo peuplée par la lie du consommateur ludique, je pense que je continuerai à faire confiance à des boîtes qui sont capables de se financer toutes seules...

Dans un prochain billet, que j'espère plus rapide, je vous parlerai sans aucun doute de la GenCon avec moultes photos si j'y pense. Ou alors de la qualité des boutiques Françaises (et Dieu sait qu'il y en a à dire !!!) ou pas... Ou alors de traduction...

Et vous quel est votre budget annuel Kickstarter ?