mercredi 8 mai 2013

Considérations oiseuses d'un vieux joueur revenu de tout... Ou presque.


Je commence la figurine il y a, pfiouuuuuu, 20 ans maintenant quand un copain de Lycée me montre pour la première fois ses armées de Warhammer Battle et m'initie à ce jeu rapidement (mes nains défoncent ses orques grâce à un placement judicieusement chanceux d'arbalétriers sur une colline en fond de table).

Je ne compterai pas les multiples parties de Hero Quest faites avant, malgré les figurines, je considérais cela comme un jeu de plateau avec des pions à peine plus gros que ceux de mon Monopoly 50ème anniversaire (comme quoi, la frontière est ténue).

Pourtant je ne me lance pas tout de suite dans l'univers fantastique des petits bonshommes peinturlurés. Au contraire, il faudra attendre ma première année de fac pour redécouvrir la figurine dans son aspect le plus "fantastique" : 40k.

Je dévore les livres de mon colocataire et ce chacal vérolé me tend un piège odieux en m'offrant un Dreadnought Eldar peint par lui (fort joli par ailleurs) et deux trois broutilles... Le piège se referme sur mon esprit faible et malléable et je me retrouve à engloutir des sommes considérables (mais en Francs Français) dans ce jeu qui en était alors à sa deuxième édition (qui a mon sens ne sera jamais égalée malgré la somme considérable de bugs, vous voyez le lien avec le titre) pour jouer des parties des weekends entiers (en incluant la nuit) sur des parties à 4000, 5000 ou 6000 points. Indigeste, long, déséquilibré au possible (à 4000 points, personne ne peut battre des Space Wolves, même avec une phase de magie de 4 heures !!!)

Encore une pause et je reviens au jeu quelques mois plus tard en v3 de 40k. Une horreur mais je passe de bons moments avec des potes à pousser des tonnes de 'gurines dans un jeu qui est quand même nettement plus fluide. Où est le problème ? Un autre chacal vérolé de mes amis me fait découvrir un nouveau jeu... Confrontation.

Oui, avant d'être un jeu PC pourri, c'était un jeu de figurine pas beaucoup mieux !

Je passe un semestre à me rire de son jeu ou les figurines ne bougent plus une fois au Corps à corps et ou il est évident que les nains et les bonshommes drogués sont plus forts que les autres.

Oui mais là, re-PAF ! Il m'offre des figurines du griffon, notamment Mirà (mon amour de jeunesse post-pubère) et la Prêtresse de Fer (une autre coquine qui s'ignore) et tant d'autres... et il me fait jouer chez lui dans une ambiance détendue à base de pizza, de bretzels aux cafards et de parties à 3, 4 ou 5 joueurs en 300 points chacun. Ca dure toute la nuit, c'est un gros melting pot brouillon au milieu et à la fin les mecs drogués et les nains gagnent, comme prévu.

Mais comme disent les Américains : first fix for free. Du coup, je tombe dedans et j'achète tout en bon collectionneur fou. Je monte les figurines « inmontables » (parfois avec l'aide d'un pote qui peut tout tiger même l'intigeable) et je les fais peindre (oui je faisais peindre ce sera l'objet d'un autre article... Ou pas).

Mais voilà, Confrontation est un jeu d'escarmouche. Et jouer 6 figurines quand on en possède 300 c'est frustrant. Après tout, j'avais commencé en jouant des parties massivement indigestes, pourquoi me limiter à un apéro tout aussi indigeste ?

Mes souhaits allaient être exaucés : Rag'Narok première édition arrivait. Massif, buggué, long... Tout ce qu'il me fallait. Je lâchais donc l'escarmouche pour la bataille de masse.
Cette situation de jeu ne pouvait pas arriver. Jamais.

Et en parallèle, je satisfaisais ma nostalgie du dungeon crawler avec Hybrid/Nemesis, ce chef d'oeuvre méconnu qui vous faisait plonger dans les entrailles de laboratoires envahis par les mutants qui y sont créés à la tête d'une équipe d'aventuriers aux nerfs d'acier.

Puis après cette époque dorée vint la Troisième Epiphanie (je vous passe la tonne de jeux plus ou moins pourris que je me suis frappé pour faire plaisir à des potes qui aiment les jeux austro-moldaves non traduits avec des figurines en 17,5mm. Oui je pense à un jeu avec des socles octogonaux et des figurines hideuses sur de l'herbe statique plus grosse qu'elles,entre autres).

Cette troisième épiphanie s'appelle AT-43. Oui, ce jeu est au jeu de figurine ce que le Tournedos Rossini est à la gastronomie Française : un fleuron.
J'ai joué plusieurs armées et si les Nécr... pardon les Therians avaient ma préférence et de loin, les Karmans, l'UNA et les Cogs ont vraiment été un plaisir un jouer. Seul le Red Blok me laisse froid, pour des raisons personnelles floues.
A la mort de Rackham-E (qui était déjà le phenix-poulet de Rackham dûment coulé par un ramassis d'incompétents), le jeu ne lui a pas survécu, le nouveau détenteur de la licence ne sachant pas trop quoi en faire (là aussi un autre article... Ou pas).
Repose en paix, chef d'oeuvre de tactique et de fun...

Mais c'est en faisant des démonstrations d'AT-43 sur un salon aux USA que je me suis retrouve face à ce qui devait être le jeu autour duquel j'aurai le plus tourné dans ma vie : Warmachine.

En effet, un pote (Martin, si tu nous lis, je pense surtout à toi, vil faquin) jouait au jeu déjà et à la suite de cette découverte, il entreprit de me défoncer, pardon, de m'initier au jeu. Pendant les quelques parties que nous ferons, je n'en gagnerai pas une. Mais bizarrement, à chaque fin de partie, au lieu de ressentir la déception de n'avoir rien pu faire (et pourtant je prenais des vraies tannées) ou pire, la déception de n'avoir rien eu à faire que de jeter un seau de dés en espérant faire 3+, j'entrevoyais toujours le moyen de ne pas répéter mes erreurs et d'adopter une nouvelle stratégie pour tenter de battre ce gros porc immonde qui me servait de pote.
Un bouquin en noir et blanc à la page 5 mythique.

Pourquoi dis-je tourner autour du jeu ? Parce qu'au moment où je découvre le jeu, il a 5 ans d'existence. Il est très fourni en figurines et son héritage issu du JdR (ainsi qu'un culture ludique issues de Games Workshop de la plupart de l'équipe) fait que le jeu est alourdi par un power creep hallucinant. Les nouveautés chassent les vieilles références à la vitesse de l'éclair et les cartes deviennent trop petites pour mettre toutes les compétences spéciales de chaque figurine. Pire ! Les robots ne servent tellement à rien que l'on appelle le jeu "wartrooper" dans les clubs qui y jouent. Bref, le jeu atteint le point caca et j'arrive trop tard.

Pourtant des gros robots (et quand je dis gros, ils sont plus haut et large qu'un Dreadnought de chez Gros Wautour, ma figurine préférée) dirigés par un sorcier tellement bourrin et charismatique que le simple fait de le changer change tout le gameplay de l'armée et le simple fait de le voir mourir met fin à la partie, un monde médiéval fantastique à tendance Steampunk, des armures, des dragons, des ninjas, des elfes (enfin pas encore à l'époque) et des PUTAINS DE PIRATES !!! tout y est ! Il manque un sandwich et les chaînes pornos du cable et vous avez le jeu parfait pour vos hormones.

Mais non, je ne me lancerai pas tout de suite.

Il faudra attendre 2009 et le teasing odieux de Privateer Press, l'éditeur du jeu, sur une deuxième version du jeu à venir début 2010. Je télécharge la béta publique, je lis, effectivement c'est streamliné à mort et drôlement alléchant.

Un plus gros bouquin en couleur ou le plus important redevient les règles.

On garde les points forts : les jets de compétences avec 2d6, la très haute mortalité des figurines sur la table, le côté offensivo-agressif-pan-dans-ta-face du catch avec des gros robots et des bestioles géantes (oui entre temps, Hordes est apparu et si le jeu est différent sur les gestion de la magie et son influence sur les gros machins, les deux sont totalement compatibles) et le côté comboteur et hautement cérébral d'un jeu de placements et de déplacements en tour par tour ou l'activation de chaque figurine doit être complète (mouvement et actions) avant de passer à la suivante.

On jette ce qui entachait le jeu de tellement de défauts : finies les petites compétences rigolo-fluffiques lourdingues. Finis les décomptes de points d'armées à la YuGiHo en centaines de milliers de points d'armées ou certaines gurines faisaient 64,2 points et d'autres 197,56 (l'auteur se réserve le droit d'exagérer).

On remet une dose de choses biens : Une meilleure gestion des lignes de vue (même si tout aussi complexe) et dans l'ensemble un rééquilibrage brutal et salvateur des profils.

Quand le jeu sort en 2010, c'est la claque. Les vieux bougons sceptiques sont heureux du changement, les nouveaux adorent. Bref, c'est le renouveau du jeu.

Et depuis, je dois dire que je n'en vois pas la fin. Aucun sentiment de lassitude, le jeu se renouvelle sans cesse. Cette année sont sortis des figurines colossales. Grosso modo l'équivalent d'un titan (les plus petits mais quand même). Tout le monde aurait pu craindre un déséquilibre flagrant mais non, le système de jeu le permet. Leurs profils apportent un réel changement de gameplay mais certains joueurs se permettent de ne pas les jouer et gagnent quand même.


La figurine à droite c'est du "28mm" (donc du 32).

Chaque supplément apporte son lot de nouveaux warcasters, soit complètement nouveaux soit une nouvelle version d'un ancien (oui, la ligne temporelle est évolutive, du coup, les casters changent au fil du temps, sans remplacer le précédent et sans contrainte de jouer dans une époque spécifique pour garder l'équilibre) et de troupes et de robots/bestioles. Aucune référence n'est obligatoire pour gagner. Aucune référence n'est tellement uberfumée que cela rend le jeu vomitif. Et surtout le powercreep est complètement neutralisé et l'obsolescence des références n'existe pas.

Warmachine n'est pas le jeu de votre premier choix (je vous vois bande de lecteurs en train de zyeuter le livre d'armée Haut Elfe et ses demoiselles d'honneur cheatées, ou de lire le codex Nécrons en imaginant jouer 9 volants juste pour faire râler le codex précédent). Mais c'est le bon choix de jeu à mon sens.

A une époque ou les jeux vous proposent de lisser la statistique par le nombre (les jeux GW qui vous font lancer des d6 par multiples de 100 à chaque phase), des règles "complexes mais pas compliquées" pour justifier qu'un jeu d'escarmouche va prendre 3 heures à se finir avec 4 figurines de chaque côté, Warmachine s'en tient à une attitude simple : le jeu est long, complexe, les interactions de règles sont tellement nombreuses que vous n'en ferez pas le tour en un an de tournois et pourtant les conflits entre ces règles sont inexistants et la ligne éditoriale du catch de gros robots/bestiaux est plus que jamais présent.

Avec la nouvelle version française qui arrive (non Rafpark, ce n'est pas du fan-made !), je vous invite à découvrir ce jeu qui est une bonne alternative à ce que vous connaissez ailleurs.

Dans un prochain blog, je parlerai donc de quelque chose d'autre, comme les anecdotes croustillantes du milieu du jeu, l'indolence passive des professionnels et l'hyperactivité brouillonne des joueurs. On va se faire de potes et donner des vrais noms !

Ou alors, je parlerai d'autre chose...

Et vous à quoi jouez-vous ?

G.

14 commentaires:

  1. Warhammer 40 K V2 et ensuite V3 et V5... J'ai arrêté quand la V6 est sortie.

    OPEX, un jeu d'escarmouche dans un contexte moderne (armée française vs toute les opération extérieur depuis les années 90). Rapide, simple, punchie et avec des figurines en 1/72e.

    J'ai découvert Mordehiem (à chier), Le Seigneur des Anneaux © de chez Jeu Magasin de Travail, qui est pas mal, mais déséquilibrer, Confrontation (lourd), Hybrid (bien mais, touffus), Song Blade of Heroes (mon coup de coeur 2012).

    J'ai découvert les joie de Battlefleet Gothic (viellot et lourding), Firestorm Armada (du hasard, encore du hasard)...

    Du coup, j'ai aussi créer des jeu d'escarmouche sub tactique dans l'espace (Starship Battlesystem) et une version pour gérer une flotte (Amiral édition) encore incomplète.

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  2. Bienvenue !
    OPEX est un bon jeu et son auteur est un mec bien.
    SoBaH est le jeu qui fait l'objet du plus grand nombre de billets ici et pourtant, je n'y joue pas très souvent ;)
    Si tu aimes l'escarmouche SciFi, je te suggère Guerres Eternelles, c'est un jeu de Wallach IX publié en libre
    Guerres Eternelles

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  3. J'ai lu la règle de Guerres Eternelles mais pas encore testé.

    Sinon, tu aimes les jeux avec des gros vaisseaux spatiaux ? (et les films de gladiateur... ;))

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  4. Raaah une Epiphanie, un Evangile, un nouveau nouveau Testament pour les joueurs de Warmachine.

    Tout y est, tout est dit, c'est trop beau, j'en ai les larmes à l'oeil

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  5. C'est marrant , j'ai l'impression d'avoir vécu la même chose, avec un passage par GW beaucoup plus court. Je suis vieux aussi ?
    Par contre pas de warmachine pour moi mais la tombée dans Infinity , peut être un jour ;)

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  6. Gilles, je ne peux que t'encourager à essayer, c'est enthousiasmant un jeu où le noeuds que tu te fais au cerveau ne sont pas pour comprendre des règles. ;)

    Silwu : tu as tout bon ! :)

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  7. J'avoue très franchement n'y avoir joué qu'une fois à Warmachine. Lors d'une démo au monde du Jeu 2003 ou 2004. Ca m'avait pas fait l'effet d'une quelconque prise de tête, en revanche, ce qui est sûr c'est qu'un profil en plus ou en moins et c'est toute la compo qui est changée. En fait, j'ai l'impression que c'est un jeu dont les parties commencent bien avant l'affrontement : lors de la constitution du deck. Euh, pardon, de la bande :)

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  8. Je viens de réagir à un truc. Le jeu dont tu parles à un moment, Greg, il s'agit de Demonworld, n'est-ce-pas ? Les figurines ne sont pas hideuses, bien au contraire. Déjà, sculptées par Werner Klocke, ça ne pas être hideux, ensuite, proprement soclées DBM/HOTT, ça donne tout de suite l'impression de masse. Chose quasiment impossible en 25-28mm. Je regrette quelque fois d'avoir vendu tout mon 15mm mais un jour, je me mettrai à HOTT et on verra si une armée 15mm Full Klocke peut pas envoyer du bois !

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  9. Oui mon greg je sais bien que le renouveau de warmachine passe par un éditeur fr et une trad de "pro", pas un FBDM avec son anglais approximatif ;o).
    Ca aura juste mis le temps de trouver un groupe de gars motivé pour se lancer dans l'aventure :D

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  10. Article fort sympathique et drôle qui plus est, quand on voit que son auteur a "ramé" dans la joie et la bonne humeur dans des gameplay lourdingues avant de trouver son graal. Pour ma part mon graal est helldorado, un jeu de combos subtiles qui donnent des parties toujours variés et intéressantes. Ayant aussi joué à 40k (en V3 et V5) il m'est difficile d'y remettre les pieds même si je garde encore mes figurines. Sinon je lorgne pas mal vers le 10mm en ce moment car j'aime beaucoup les wargames comme conflict of heroes et j'aimerais bien retrouvé ça avec des figurines.

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  11. Tu m'as bien fait rire quand même et je suis assez fier d'avoir été un des chacals vérolés qui ont causés ta perte :-)

    Et comme quoi tu as bon goût, Warmachine et Hordes dépotent bien !!!

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  12. Warrrrrrrrmmmmmmmachiiiiiiiinnnnneeeee
    Et bien j'ai découvert ce jeu lors des JfJ 200x (je sais plus lequel j'avoue). J'étais tombé en admiration d'une espèce de troupe de nain en armure et de mécha.
    J'ai fais une partie de démo et depuis ... rien de chez rien. Pourtant à la maison j'ai 2 starters tout peint !!!
    Je n'ai jamais dépassé la lecture de la trad de la V2 lol

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  13. Le problème de warmachine c'est que c'est moche. J'aurai jamais envie de peindre ces figurines...
    Même si c'était le meilleur système de jeu.
    (ceci est un jugement de valeur totalement subjectif)

    Bon j'avoue, faute de temps et d'envie, j'ai jamais joué à rien d'autre que du GW. Je préfère le fluff et le design aux mécaniques de jeu.

    Sinon très bon blog, je reviendrai !

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  14. @Laurent Derrien : eh bien au revoir, hein :grin:

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