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vendredi 7 juillet 2017

DBA, LE jeu pour tout le monde ?

Il y a quelques jours je suis tombé sur un schéma rigolo en surfant sur le forum Fanaticus. C'est un diagramme de Venn qui tente d'expliquer pour De Bellis Antiquitatis, malgré tous ses défauts, est un jeu qui plaît ou, du moins, devrait plaire au plus grand nombre.

Le schéma montre que DBA est "à la croisée des chemins" de plusieurs aspects que les joueurs recherchent dans un jeu, aspects qui, du reste, caractérisent bien la plupart des jeux dont nous avons l'habitude. Le choix du nom de ces aspects et des jeux qui les caractérisent montre aussi que l'auteur du schéma est anglo-saxon et que c'est un vieux joueur mais passons là dessus pour jouer au jeu du portrait chinois de DBA.

C'est un wargame ?

Si on prend comme définition du wargame un jeu qui combine cartes et pièces (figurines ou non) et qui propose aux joueurs de simuler un affrontement militaire historique ou pas, alors oui, c'est effectivement le cas. Comme c'est le cas pour les autres jeux cités : Small World (oui, ne rigolez pas, selon la définition, c'est un wargame) et surtout Mémoire 44. Le cas de Tigre&Euphrate et d'Axis&Allies:Minis est plus problématique pour moi car je n'y ai jamais joué. Mais d'après la description de ces jeux sur BoardgameGeek, c'est pertinent de les considérer comme des wargames.

C'est un jeu "Gateway" ?

En français, on préfère parler de jeu d'introduction ce qui est tout de même plus parlant. Voyons ce qu'on a. Catan (Settlers), Mémoire 44 et Wings of War (on prendra X-Wing) sont effectivement des jeux d'introduction. Je parle pour ma pomme en ce qui concerne Catan puisque lors de mon séjour en Roumanie, pour la plupart des gens avec lesquels j'y ai joué cela représentait le premier jeu de société moderne auquel ils avaient joué. En ce qui concerne Mémoire 44, c'est la même chose si j'en crois l'engouement qu'a reçu ce jeu au Coffre à Jeux quand il est sorti en français. Enfin, pour X-Wing/Wings of War, je prends l'expérience de la saison 2015-2016 d'Orléans Wargames qui a vu un afflux de nouveaux joueurs grâce à ce jeu.

C'est un "Eurogames" ?

Pour les anglo-saxons de type nord-américain, un "eurogame" est un jeu à la mécanique un peu chiadée, où le hasard est contrôlé (on pourra en reparler), dans lequel les interactions entre joueurs et l'immersion thématique sont secondaires. C'est l'aspect qui me pose le plus de problème car si Catan est bien un "eurogame" selon cette définition (quoiqu'il pâlisse en comparaison d'un Descendance ou d'un Caylus), je ne vois absolument pas Small World dans cette définition ! Et DBA alors ? L'interaction entre joueurs est permanente, au moins lorsqu'on joue avec moi. Le hasard, pas besoin d'en parler (j'ai menti), c'est un jeu de chattard. Quant à l'immersion thématique, je ne sais pas ce qu'il faut mais je ne connais pas de joueur assidu qui n'ait jamais ouvert un livre d'histoire ou regarder sur Wikipedia le background de la liste qu'il s'est choisi. Mais je pense pas qu'il s'agisse de ça mais plutôt du côté "simulationniste" des règles. Et ça nous amène directement au côté "mécanique chiadée" et à l'aspect abstrait du jeu.

C'est un jeu abstrait ?

Je pense que ça apparaît très clairement lorsqu'on compare DBA à Field of Glory (FoG), Art de la Guerre (AdG), Impetus ou Hail Caesar. Tous ces autres jeux proposent des budgets de liste, des règles spéciales pour chaque type de troupes et des modificateurs de caractéristiques très précis. Ils se placent très nettement dans une catégorie de jeux simulationnistes voire réalistes, créneau dont DBA est très loin avec ses listes fixes, ses types de troupes agrégés et ses caractéristiques limitées. Par exemple, là où FoG fait une différence entre velites romains et frondeurs carthaginois du fait que ces derniers sont des tireurs, DBA n'en fait aucune et les considèrent comme des tirailleurs totalement identiques (des psiloi).

Qui joue à DBA ?

Attention, ce qui va suivre n'est absolument pas une étude statistique rigoureuse !
Si je prends l'exemple d'Orléans Wargames, la population des joueurs et des joueuses de DBA comprend 2 ou 3 joueurs d'historique, 3 ou 4 joueurs de jeux de figurines autres et 3-4 débutants qui sinon jouent à des jeux de société/jeux de rôle. Cela ne montre rien du tout mais peut s'interpréter avec l'aide de tout ce que je viens de dire avant. Les débutants y voient un jeu d'introduction qui n'est franchement pas plus compliqué que Caylus ou Small World une fois qu'on a expliqué les règles du mouvement tactique et qu'un joueur expérimenté résout les cas de recul/fuite/débord/soutien un peu tordus. Les joueurs historiques y voit une récréation agréable et une occasion de finir une partie en 45 minutes et d'en jouer une autre ensuite. Et les autres le prennent comme un jeu abstrait avec un thème antique plutôt rafraîchissant.

Cette interprétation est justifiée aussi par l'accueil du public lors de festivals et de conventions (Paris Est Ludique, Orléans Joue, FLIP, Fête du Jeu). Le jeu est plébiscité par les jeunes joueurs, par les vieux joueurs qui aimeraient s'y remettre et par certains non-joueurs qui acceptent quand même d'y jouer. Les plus critiques sont les historicistes invétérés qui se reconnaîtront peut-être. Même un certain RafPark dit du bien de DBA, c'est dire !

Pourquoi tout le monde n'y joue pas ?

J'ai identifié plusieurs raisons qui ne vont étonner personne : l'austérité assumée (ou non) du matériel de jeu, l'absence de côté "prêt-à-jouer" et le thème historique qui peut rebuter pas mal de monde (un peu comme les maths en fait !). Le fait que le hasard soit prépondérant peut aussi être un frein à l'adoption du jeu mais je pense que c'est secondaire quand on voit le nombre de jeux de chattard qui ont du succès. D'un autre côté, Mortem et Gloriam vient de sortir en français et j'espère que l'auteur ne va pas penser à en publier une version d'initiation.

Combattre des défauts inhérents est compliqué puisque l'éditeur est lié par un contrat de licence avec les auteurs originaux de DBA mais cela n'empêche pas de réfléchir à ce que pourrait être un DBA "sexy". Changer le thème ? On aimerait faire un HOTT 3.0, oui ! Changer la mise en page du bouquin et proposer plus d'illustrations ? Oui, aussi mais c'est un risque éditorial important et personne ne sait si un bouquin à 50€ se vendra. Proposer une boîte prête à jouer avec des figurines en plastique à clipser sur des socles et un bouquin de règles allégé ? Pourquoi pas. Et vous, qu'en pensez-vous ?





vendredi 10 juillet 2015

Plaisirs en famille

Récemment, j’ai eu l’occasion de jouer à trois jeux :
  • Heroquest, le classique de Milton Bradley et Games Workshop des années 1990. La boite de base, simple et pleine de figurines délicieusement classiques et monoblocs. Pas de supplément mais pas de pièce manquante.
  • Black Market Warehouse, de Fire Squadron. Un petit jeu apéritif édité par une maison jeune et enthousiaste (et honnêtement bordélique) créée par un pote, Tracy Constantine (le gars qui a notamment dessiné des petites bandes dessinées pour le No Quarter à l’époque).
  • Angry Sheep de Iron Box Games. Un jeu de dés avec des petits moutons en plastique à l’esprit révolutionnaires.

Je vais parler de ces trois jeux parce qu’ils ont un point commun : je peux y jouer avec mes trois gamines de 14, 12 et 9 ans.

Cela fait quelques mois que je suis assidûment les groupes de discussions sur les jeux de plateaux et de société modernes et la plupart du temps, ce que je vois ce sont des parents qui jouent à leurs jeux et des enfants qui jouent aux leurs. Les produits passerelles sont légions, on le sait étant donné l’offre endémique des jeux de plateaux (plus d’un nouveau jeu par jour chaque année !!) mais beaucoup d’entre eux sont soit trop chers (Ticket to Ride est un excellent jeu de hasard mais dieu que la boite est chère pour un jeu qui existe depuis 20 ans…), soit trop bordéliques (Rampage) soit trop simples (King of Tokyo) pour avoir une grosse rejouabilité pour les seniors.

Rampage, le jeu de destruction avec un livre de règles (c) Absurd Nerd Blog.


C’est avec d’autant plus de surprises que j’ai apprécié jouer à ces jeux récemment.

Angry Sheep est un jeu de dés classique, un avatar du Yahtzee ou du Yams : on jette des dés, on doit faire des paires pour voler des moutons sur le champs au milieu où à ses adversaires. La mécanique est perturbée/accélérée par la présence d’un mouton noir, oui, le fameux Black Sheep de la 214, dont les effets de jeu, de la suppression de mouton en série à la défaite pure et simple si l’on finit la partie avec le mouton noir dans son pré.
Les logos sont simples et évidents, pas de lettres, pas de chiffres. 

Angry Sheep. Sheep Guevara met le boxon dans votre pâturage.

Je place le décor tout de suite à propos de mes filles : Elles n’aiment pas la difficulté dans un jeu et sont HYPER-compétitives. Ce jeu est donc l’occasion de jets de moutons en plastique (ils sont vraiment mignons) à travers la pièce et de cris de douleurs déchirants quand le mouton noir passe d’un pré à un autre. Mais c’est un jeu facile à sortir pendant que le rôti cuit dans el four ou que la pizza doit être livrée. Et c’est toujours drôle.

Black Market Warehouse est un autre jeu apéritif sympathique. Cette fois-ci, c’est un jeu de cartes. Chaque joueur doit remplir des contrats en piochant des cartes. On remplit le contrat en mettant le bon nombre de cartes dessus mais pour que ce contrat rapporte plus de points, il faut mettre les cartes exactes du contrat. On continue tant que tous les contrats n’ont pas été remplis.

Black market Warehouse. Trafic de pandas dans des entrepôts louches.

Le jeu a une dynamique très très simple. On pioche, on place, on remplit un contrat, on jette le surplus. L’ambiance est hyper sympathique, les contrats sont représentés par des entreprises toutes plus illégitimes les unes que les autres avec des noms du genre “Blanchiment et associés”, “Nounefezonpadetrafic Inc”, les autres cartes sont illustrées de tous les clichés les plus marquants des objets susceptibles de trafic : pandas, débris d’OVNI, armes, fruits exotiques, tableaux. Enfin, certaines cartes sont des cartes d’interventions qui permettent d’introduire plus d’interaction entre les joueurs, que ce soit par la perte de cartes ou l’échange contrats.

Encore une fois, une mécanique simple, un jeu avec des interactions limitées qui permettent de limiter les ressentiments et les récriminations des enfants hyper-compétitifs. Le jeu s’installe en trois secondes et dure 15 minutes. Il est signalé pour 2 à 4 personnes mais il se joue facilement à 6 ou 8, il dure juste moins longtemps. Encore une fois, un jeu qui est basé sur le même genre de mécaniques que les 7 familles avec un petit bout de pouilleux et des maths très simples pour le score.

Enfin, Heroquest, le jeu que je ne devrais même plus avoir à présenter au lectorat de ce blog. Le Grand Ancien du jeu de plateau, sorti en 1989 aux USA et l’année d’après en France, est un modèle de simplicité et d’ambiance cheesy absolument délicieuse. Une bande de 4 aventuriers, un barbare, un elfe, un nain et un magicien doivent parcourir les sombres entrailles d’un donjon afin d’ouvrir des portes, tuer des monstres et piller les trésors. Le jeu est un vrai jeu des années 90. Simple, coloré, punitif. En effet les scénarii, au nombre de 14 dans le livre de base, sont très difficiles et requièrent une coopération sans faille entre les héros, ainsi qu’une gestion pointue des sorts à disposition des personnages ayant des compétences magiques, car il n’y a que 2 sorts de régénération et une paire d’objets pour faire revivre des personnages morts prématurément… Les monstres sont pléthore, les pièges multiples, les salles exigues et faciles à boucher. Il y a une vraie gestion du placement et des déplacements.

Le meilleur jeu des années 90 ? Oui, selon RPG Booster !

Tout cela se fait très rapidement et facilement. Le Maître du donjon devra se taper une bonne séance de lecture du livre de règle, assez riche mais les joueurs ont toutes les aides visuelles et graphiques possibles pour jouer rapidement sans se poser de question. Là aussi nous sommes en face d’un jeu des années 90 destiné au grand public : simple d’accès et avec tout le contenu de la boite utile, même le séparateur en carton comporte l’inventaire de la boutique pour équiper ses personnages ! Rien d’inutile ni de superflu.

J’y ai donc joué avec les gamines. Une réussite. Ce jeu est le meilleur point d’entrée vers le JdR pour les jeunes. Les jets de dés sont faciles, les caractéristiques simples, les fiches de personnages en version US bien plus intuitives que les versions FR (qui fumaient en rajoutant des détails inutiles). La première mission nous a pris deux bonnes heures à terminer mais toutes les salles ont été nettoyées de la vermine qui y rodait. Un personnage est mort et est revenu à la vie (cadeau du MD) et la gargouille s’est faites défoncée par un mage qui après n’avoir lancé AUCUN sort pendant toute la partie a décidé que lancer 5 dés d’attaques supplémentaires suffirait à faire un One Shot !!

Depuis j’ai ma grande qui veut tester D&D, ma moyenne qui écrit des contes sur les dragons et les vampires et la petite… Qui veut jouer aux moutons parce qu’elle aime crier “Viva la Revoluciòn !”

En commençant cet article, j’avais dans l’idée d’insulter les Kubenbois, mais les bons souvenirs générés par ces quelques parties m’ont permis d’être rempli d’amour et d’indulgence pour ces losers qui aiment faire de la comptabilité pour les maternelles.

Du coup, je n’insulterai pas les snobinards hipster du jeu de plateau qui regardent avec une condescendence teintée de mépris les joueurs de Uno ou de Monopoly parce que ces jeux ne sont pas aussi intéressant qu’un jeu de gestion comptable ennuyeuse comme Agricola ou Settlers of Catan, ou un jeu débilo-pipi-caca-prout comme Cards Against Humanity ou même un jeu de bluff pour neuneu comme Sheriff of Nottingham (bravo, les gars, vous avez inventé le pouilleux…).

CAH est au jeu de société ce que le porno animalier est au cinéma.

Bref, je ne dirai pas de mal des feignasses qui se sont mis au jeu de plateau parce que cela va plus vite à installer alors qu’ils ont besoin de 8 boîtes, et d’installer des tonnes de cartes, pions, jetons, plateaux modulables et parfois même… figurines pour commencer une partie dont la résolution dépend d’une pioche heureuse.

Non, plutôt, je me réjouirai de la dilution des crétins remplis de préjugés prétentieux dans la masse croissante des joueurs de ce genre de jeux qui prennent simplement du plaisir à jouer à tout, sans se demander si les règles sont bonnes mais plutôt s’ils aiment le jeu. Je suis vraiment heureux de voir que mes filles accèdent à la culture geek par les portes qu’elles choisissent, sans préjugés.

Un de mes amis a l’habitude de parler de l’âge d’or du Geek. Je pense que nous sommes plutôt à un âge de fer. Nous avons eu la chance d’être formé à la geekerie par nos ainés qui ont créé des choses comme Star Wars, Star Trek ou Indiana Jones et nous ne faisons que puiser à cette source notre inspiration ludique et imaginaire. Et ce n’est pas forcément plus mal. Il faudra juste nous débarrasser de la sale habitude de nous enfermer dans nos groupes sociaux prédéfinis et nous ouvrir à d’autres cultures et d’autres choix, arrêter de brandir notre geekerie et nous définir comme des humains avec des goûts ludiques variés mais toujours amusants. Ce n’est pas gagné.


mardi 28 avril 2015

De la polémique autour de l'affiche du FIJ de Cannes

Si vous avez manqué le début...

Les personnes qui organisent le Festival International du Jeu de Cannes (le FIJ pour les connaisseurs) ont dévoilé au public l'affiche de la prochaine édition de l'événement qui aura lieu en 2016. Quoi de plus banal, on y a droit tous les ans et ce festival est le plus renommé de France, tentant de faire jeu quasi égal avec Essen.

S'en est suivi un bad buzz important sur les rézosocios qui a désenflé durant le week-end suite à la publication d'une affiche légèrement remaniée.

N'ayant rien de mieux à dire sur ce blog en ce moment, je cède un peu à la facilité en donnant un avis à chaud sur cette histoire. Je vais certainement m'en mordre les doigts mais, bon, on ne fait pas d'omelettes sans casser d’œufs.

Une discontinuité dans les choix graphiques

Les affiches des éditions précédentes sont plutôt composées à la façon d'une couv' du magazine Tangente. Je ne suis pas fan du parti pris graphique mais l'identité de l'événement est lisible.

Edition 2012

Edition 2013

Edition 2014

Edition 2015

Tada !!!! Edition 2016

Pourquoi cette affiche fait polémique ?

Le code de couleurs, le trait et la symbolique forment un tout qu'il est possible d'interpréter d'une certaine façon quand notre grille de lecture est influencée par des choses comme le combat contre la discrimination des LGBT et contre les stéréotypes de genre. Pour faire court, des enfants, fille et garçon, du rose pour la fille, du bleu pour le garçon et des pièces de puzzle qui s'emboîtent.

Même sans avoir l'esprit particulièrement mal tourné, il y a quelque chose qui se dégage de cette affiche et que les affiches des éditions précédentes ne dégagent pas. Une impression de déjà-vu.

Mais oui, ce sont les codes couleurs de La Manif' pour Tous !! (LMPT)

Personnellement, je m'en fiche bien, tout le monde a le droit de s'exprimer même (et surtout) si on n'est pas d'accord. Mais, quand on organise un événement public, médiatisé et surtout, qui doit rester politiquement neutre (eh oui, le jeu c'est apolitique et, a priori, pas soumis aux diktats de genre, on y reviendra) on doit maîtriser sa communication. C'est comme ça. Nous vivons dans un monde de communication où l'information est relayée instantanément. Nous vivons dans un monde de l'immédiat où le temps long de l'analyse n'a plus cours. On se doit de réagir à chaud sur n'importe quel sujet, de donner son opinion, souvent péremptoire. Je déplore cette situation mais il est nécessaire d'en tenir compte.

Si on ne veut pas ou on ne peut pas, on ne communique plus, ou alors on colle des chatons, des jolies filles ou des beaux mecs. Mais même ça, c'est communiquer des signes, des symboles et du sens.

(oui, fan service pour tous aujourd'hui, on se fout du genre chez Sandchaser)

Ignorance ou choix délibéré ?

Concevoir une affiche n'est pas une chose simple. J'en avais réalisée une avec mes faibles moyens graphiques et ma fibre artistique de bulot. Et puis on a beaucoup parlé de celle d'Orléans Joue avant de la rendre publique.

Quand on fait une affiche on cherche à faire passer un message et l'illustrateur a toujours son propre style et son propre rapport aux symboles et au sens de ceux-ci, le sujet de cette intéressante disciple qu'est la sémiotique.

Il est possible que l'illustrateur du FIJ 2016 n'ait jamais entendu parler de la Manif' Pour Tous, des stéréotypes de genre.

Il est aussi possible qu'il ou elle soit un(e) gentil(le) naï(f|ve) qui illustrait des livres pour enfants dans les années 60.

Il est aussi possible que l'illustrateur ait fait passer son message politique par cette affiche.

Il est encore possible que le comité organisateur du FIJ 2016 ait été noyauté par des activistes de LMPT.

Soyons sérieux cinq minutes. Les réactions contre cette affiche viennent de personnes qui ont une grille de lecture sémiotique particulière. La plupart des gens n'y verront rien d'autre qu'une affiche pour un événement lambda plutôt sympa, pour le jeu et les enfants.

Parce que pour l'essentiel de la population, le jeu c'est futile, le jeu, c'est pour les enfants, les petites filles aiment le rose, les petits garçons, le bleu et les petits garçons sont destinés à devenir des grands garçons qui vont mettre leur zizi dans les petites filles devenues grandes.

Et je suis convaincu que l'illustrateur a cette grille de lecture.

Bof.

Moi je ne vois pas ça.

Je vois un assemblage sordidement banal de clichés de genre promus par la culture mainstream qui, en plus, tombent à côté de la plaque.

Parce que le jeu de société n'est pas, en règle générale, orienté vers un genre ou vers l'autre à la différence de beaucoup de jouets pour enfants (j'avais prévenu qu'on y reviendrait)

Five Tribes, Time's Up ou Zombicide ne sont pas graphiquement conçus ou markétés pour être plus attrayants pour un genre ou pour l'autre en fonction de prescriptions normatives. En revanche, regardez un catalogue d'une grande enseigne de jouets et vous y verrez qu'on vous prend pour des cons (et vos gamins aussi). Le problème n'est pas de savoir ce qu'un garçon pourrait faire d'un déguisement de princesse, le problème est de savoir pourquoi les déguisements de princesse existent en premier lieu.

Voilà où est mon problème avec cette affiche. Vous me direz que je chicane et que c'est moi qui ait un problème. Non, je n'ai pas de problème. Le problème c'est qu'on enferme les enfants et les adultes aussi dans des stéréotypes de genre et qu'ils en souffrent.

Rétropédalage ?

Après le tollé (mot français pour bad buzz) que l'affiche a engendré, l'organisation du FIJ en a proposé une seconde.

On change le code couleur (et évitant le rose, c'est encore la symbolique féminine qui en prend un coup là, c'est con, j'aime beaucoup le rose moi)

On rajoute des meeples (bah oui le meeple ça fait genre jeu coco)

On change un coeur en trèfle, certainement pour une sombre histoire de symbolique.

La partie saillante de la pièce de puzzle est tenue par le personnage féminin (encore une histoire de symbolique)

et voilà !!!

Bref, on patche en vitesse pour limiter la casse et faire taire le buzz.

Mais on garde les enfants. Qui n'ont encore rien demandé et qui se retrouvent encore pris en otage de querelles d'adultes.

Pour finir

Voici l'affiche du festival organisé par les Tables d'Olonne, une sympathique association de jeu vendéenne (personne n'est parfait) qui a fait appel à une illustratrice qui sait ce que les symboles signifient.

Comme quoi vaut toujours mieux avoir l'air marin qu'avoir l'air con.

Merci à Axelle Bouet de m'avoir autorisé à publier cette affiche en son nom. C'est elle l'illustratrice. Allez faire un tour chez elle, c'est magnifique.

jeudi 2 octobre 2014

Le hobby : Pourquoi ce n'est pas fait pour vous.

Je regardais l’excellente et très instructive série US “The West Wing” (“A la Maison Blanche” en VF, que je déconseille, tant le doublage est médiocre) en me demandant comment j’allais satisfaire les désirs de mon lectorat avide de sang, de sexe et de petits bonshommes rutilants.

The West Wing, la série dont vous sortirez moins ignorant et moins sceptique sur la politique.

Le sujet qui m’a été confirmé par mon rédacteur en chef préféré (sur suggestion du petit Nicolas R.) est de définir le hobby pour un non-initié. Vaste sujet. J’ai moi-même mes doutes sur l’intérêt du sujet. En effet, pourquoi prendre la peine de convaincre Grand-mère Marcelle que la figurine n’est pas Satan ? Pourquoi prendre la peine de répondre à Tonton Georges quand il fait sa blague sur les playmobils pour la huitième fois ? Pourquoi former la masse grouillante et ignorante au plaisir subtil et éminemment social du jeu de stratégie ? En définitive, pourquoi livrer les clefs du plaisir à la médiocrité morose des profanes ? Parce que justement, le jeu de figurines est avant tout un plaisir social. Et que je préfère vous haïr que vous mépriser.

Je vais faire une déclaration toute personnelle et totalement subjective. Le jeu solo m’ennuie profondément. Jouer avec moi-même a pour moi autant d’intérêt qu’un sandwich au jambon sans jambon, sans beurre et auquel il manquerait le pain. Affronter une IA n’a aucun intérêt si ce n’est pas fait à plusieurs. Monter une jolie table pour la regarder tout seul c’est tristoune. Peindre ses figurines (ou les faire peindre) pour ne pas partager le fruit de son effort ou ses goûts artistiques et les confronter à l’avis des amis ou même d’inconnus c’est vivre une vie sans risque et sans saveur.

Oui, toi aussi parle aux chevaux parce que les humains sont trotroméchans !

Mais avant d’insulter plus longtemps les onanistes du hobby, il sera sans doute bénéfique de définir le jeu de figurines afin de réduire le champs de perception de l’article.
Ainsi, je choisirai d’ignorer les valeureux (et toujours gaillards) ancêtres tels que les wargames sur cartes avec jetons. Je rejetterai aussi les jeux de plateau avec Figurines, comme Zombicide, qui ne font qu’offrir des jetons à poser sur des cases comme on jouerait aux petits chevaux ou aux dames mais dont la représentation n’entraîne pas de règles à proprement parler. Je limiterai ma diatribe aux jeux de figurines pur sucre, d’escarmouche ou de masse, qui nécessitent un montant plus ou moins scandaleux d’argent et de capacités de modéliste pour être jouables.

Cet article aura un but en définitive : vous enlever toutes vos illusions.

En entrant dans le hobby, vous abandonnez un vie dans le confort de la passivité vidéo-ludique. Vous devrez rejeter vos autres religions, tel le sport à la télévision, et le sport à la télévision.

En prenant en main votre premier starter pour un jeu de figurines, vous choisissez de vous écarter de la vacuité de votre existence sans plaisir pour vous consacrer corps et âme à la gloire des petits bonshommes et à la guerre, la guerre perpétuelle, qu’elle soit réaliste, historique, “simulationniste”, fantaisiste, futuriste, post-apocalyptique, steampunk, dieselpunk… La guerre, Colonel Trautmann !

Fin de la partie dans 2 heuuuuuuuuures !

En vous rendant dans votre boutique de jeux, vous achetez une parcelle de paradis et vendez votre âme au diable dans le même temps.

Et puisqu’on parle d’achats et de ventes, je vais continuer à tordre le cou à des légendes : Personne n’est un figuriniste casual. C’est un hobby, un “passe-temps” au sens propre du terme, le temps va passer.
Vous progresserez lentement dans ce hobby, soit parce que le montage et la peinture des figurines sont de très gros consommateurs de temps, soit parce que le jeu a une courbe d’apprentissage très “pentue” et nécessite de nombreuses parties pour être maitrisé.
Vous passerez des heures à rôder dans les boutiques spécialisées jusqu’à en connaître le vendeur, le patron, le comptable et comment fermer le robinet du lavabo des toilettes pour éviter les éclaboussures sur votre t-shirt, ce qui vous ferait passer pour le geek que vous n’êtes pas (vous faites partie de ceux qui se lavent et sentent à peu près bon dans les 6 premières heures de la journée). Vous explorerez les sites de vente en ligne à la recherche du meilleur prix pour cet objet rare (et cher) qui manque à votre armée. Ce qui m’amène à un autre point.

Le hobby n’est pas économique DU TOUT ! Vous dépenserez le P.I.B. d’un petit pays de façon récurrente pour satisfaire à votre soif d’accumulation, votre faim de nouveau matériels de peinture et votre désir d’avoir une nouvelle figurine et son profil fumé et étonnamment rafraîchissant. Oui, toutes les marques créent des starters plus ou moins intéressants à des prix compétitifs. Oui, vous pouvez commencer un jeu pour une quarantaine d’euros. Oui, vous pouvez limiter vos dépenses chaque mois. Mais soyons honnêtes et francs. Quand on commence la course à l’armement, on ne s’arrête pas à la dague. On veut une épée, une hache, un fléau, une lance, un pistolet, un fusil, un bazooka, un tank, un avion, un missile thermonucléaire. Parce que la guerre, on ne la fait pas, on la gagne !

Vous êtes encore là ? Vous n’êtes pas recroquevillé, tremblotant dans un coin de votre chambre ?  Très bien, continuons donc à vous expliquer pourquoi, si vous êtes courageux, vous allez vous lancer dans la plus grande aventure de votre vie. Et si vous êtes le pleutre pleurnichant que je suspecte, je vais vous en remettre une dose, parce que quitte à gâcher mon temps, autant faire l’effort de vous faire repartir moins ignorant que vous n’êtes venu.

Effort ? Oui, effort, car le hobby c’est l’apprentissage de la valeur de l’effort. Votre vie dans le hobby n’aura d’autre but que d’être moins médiocre. Si s’améliorer est un but ultime, cela passera par l’apprentissage de la défaite. Apprentissage par la répétition car vous passerez énormément de temps à perdre. Et c’est à vous et seulement vous de faire en sorte que vous ne perdiez que la partie et pas votre temps. L’apprentissage par l’erreur est une bonne chose et la seule indulgence du hobby est qu’il vous permet de faire des erreurs et de recommencer pour ne plus faire ces erreurs. Parce qu’il est toujours compliqué de se remettre en cause, vous blâmerez les dés, votre adversaire qui triche, les règles “fumées” d’une référence ou d’un autre, le gameplay. Vous affirmerez haut et fort que vous préférez l’escarmouche parce que vous avez peur de perdre trop de figurines à la fois. Vous ne jurerez que par l’activation alternée pour l’illusion de réactivité. Vous affirmerez votre préférence pour le tour par tour parce qu’il vous donnera l’impression que vous faites un massacre dans les rangs adverses suite à un plan bien huilé. Ou la bataille de masse parce qu’elle rassurera votre penchant pour les points de vie multiples et l’apparente innocuité des attaques adverses.
Vous l’avez compris, vous êtes le problème et vous êtes la solution. Votre problème c’est que vous êtes une feignasse qui veut tout, tout de suite et notamment gagner. La solution c’est que vous apprenez par l’erreur. Vous n’avez pas d’autre choix que de devenir meilleur joueur parce que sinon, vous serez ostracisé sans pitié par les autres joueurs qui n’ont pas de temps à consacrer à des chouineurs mauvais perdants.

Même l'Akhamial Cynwall apprend par l'erreur. Vous pouvez le faire.

Ce qui m’amène à notre dernier point, user de fair play et perdre ou gagner avec élégance. Le hobby est un jeu collectif. A minima, il vous faudra un adversaire pour vous coller des roustes régulièrement. Et vous apprendre à avoir la classe en jeu.

La classe, ce n’est pas de s’acheter des sous-pulls chez Yoji Yamamoto, ça c’est juste bien pour baiser des ménagères et avoir le cul qui brille. 
Non, la classe c’est de savoir se faire plaisir quelque soit l’issue du match. C’est de perdre en apprenant et de gagner avec humilité. C’est de partager un moment agréable avec son adversaire et néanmoins camarade, comme ils disent en politique.


Ne partez pas, j’ai bien vu que vous n’aviez aucune élégance. Mais vous avez de la chance, cela s’acquiert, cela s’apprend. Un jour vous serez enfin digne de ce hobby que vous avez choisi et du plaisir infini qu’il procure. Et peut-être, peut-être alors, vous atteindrez l’extase du hobbyiste, celle de vous faire des amis avec qui jouer et partager des moments fantastiques (ou futuristes. lol). Et je serai ravi de jouer avec vous et pas contre vous.

mardi 24 septembre 2013

Le marron nous tuera tous !

Chers lecteurs, les opinions présentées dans cet article sont celles de Greg. La rédaction de Sandchaser ayant une opinion différente, il fallait qu'elle la manifeste tout en laissant à l'auteur son expression la plus libre. Chers lecteurs, si vous tenez à formuler un nécessaire droit de réponse à l'auteur, sachez que les commentaires vous seront cordialement ouverts et ne seront modérés que par l'application de la plus élémentaire bienséance.

Il y a quelques temps, je me disais qu'une armée de Warmachine suffisait. Le jeu est riche de combinaisons diverses et variées et si chaque armée à un « thème », une connotation forte, tout est possible au sein d'une armée et le temps de tout explorer à raison de deux ou trois parties par semaine, j'en avais pour des années avant d'épuiser mon intérêt.

Mon intérêt est toujours là. Pourtant, force est de constater une chose : Une armée ne suffit pas. En effet, ce fameux thème dont je parle est suffisamment fort pour parfois donner envie d'en changer.

Je joue Cryx depuis 2 ans. C'est donc du mort vivant spécialisé dans la lutte de masse, le debuff de caractéristique et le corps à corps. Alors oui, il existe des unités de tir (marginales), il y a des unités de bourrins sans aucun sens magique qui sont là pour taper et on peut même jouer « assez peu » de figurines avec des casters fait pour contrôler des Warjacks plutôt que diriger des troupes. Une liste Mortenebra est connue pour n'avoir pas ou peu de troupes et reste extrêmement compétitive et appréciée en tournoi. Mais on se retrouve souvent à faire une variation sur le même thème : un caster, une paire de Warjacks, des troupes à foison, des solos vicieux et on envoie tout droit en collant des malus aux troupes adverses et en riant de les voir galérer à toucher nos unités dont la défense est élevée, même si leur armure est en carton.

J'ai joué Elfe (pendant 2 ans aussi). Leur gameplay est riche de tir et d'unités fragiles mais qui sont les meilleurs assassins du jeu. C'est aussi une armée ou le warcaster fait son travail pendant que les troupes font le leur sans vraiment faire attention aux uns et aux autres. Et à la fin, on tue le warcaster adverse car l'armée n'est pas vraiment taillée pour le scénario pur et dur.

Mais voilà, j'ai commencé Warmachine il y a plus longtemps que cela (lire cet article pour mémoire). Et à l'époque, j'avais été séduit par un tout autre genre de faction. Un subtil mélange entre des paladins loyaux-bons et les tuniques bleues. Une faction humaine (une fois n'est pas coutume) et spécialisée en... rien. Mais bonne en tout. Cygnar ! J'en avais d'ailleurs une collection conséquente formée à l'époque du livre Superiority, que je me suis fait volé par mon peintre de l'époque (un gendarme du Sud Ouest, histoire abracadabrantesque !) et que je n'ai jamais eu le cœur de recommencer en MkI, pour les raisons déjà évoquées.


Un gros warjack avec un gros marteau !! Mais oui !!!
(© Privateer Press. Tous droits réservés.)

Quand je me suis relancé dans Warmachine à la sortie de la MkII, mon club avait déjà des « clients » pour cette faction. Je choisissais donc de les laisser la choisir et de prendre des elfes pour créer de la variété. Mais en terme de figurines, on revient toujours à ses premières amours.

Et là, c'est décidé, je viens de lancer ma première commande depuis bien longtemps. J'ai fait mon « Krakaje » à l'ancienne : j'ai pris un exemplaire de chaque référence. Grand fou que je suis.

Et en attendant de les recevoir (en Octobre), je me lance dans l'étude des références mais aussi dans l'étude d'un schéma de peinture. Car oui, je vais les peindre avec amour et un manque de talent total. Il faut donc que j'y réfléchisse bien.

En faisant mes études de couleurs sur le web (tapez Cygnar paintings sur google image, c'est assez peu inspiré) et en regardant ailleurs que sur Warmachine, je notais une tendance extrêmement perturbante : l'uniformisation de la peinture contemporaine sur figurine.

Je m'explique : tout est marron. Tout. Et cela ne remonte pas à hier.

Mais faisons un historique rapide de cette impression.

Je débute la figurine dans les années 90. C'est l'âge d'or de la peinture «'eavy metal », les Orks sont verts flashys avec des vestes jaune paille, les Marsouins de l'Espâaaace sont bleus, le vert des « Dark Angels » est tellement éclairci aux arêtes qu'on devrait les appeler les « Light Angels ». Même les couleurs du Chaos sont chatoyantes. A Warhammer Battle, pareil, les nains sont peints avec des barbes orange fluo (NDLR : s'agissant de Tueurs Nains, c'est normal), leurs uniformes ont des damiers (ah les années 90 et leurs damiers...) bleus flash et blanc.


 vous le dit : c'est vintage bordel ! (et c'est superbe aussi !!)
(© 2013 Figouz.net. Tous droits réservés.)

Cette période atteint une apogée totale avec la sortie d'armée volontairement flashouilles, comme les hommes lézards ou de galeries d'armées existantes comme les Eldars (les Harlequins!!!).

Le marron est relégué au rang de cuir pour certains manteaux ou étuis de pistolets, à sa juste place.

Bref, tout est pour le mieux dans le meilleur des pots de Tentacle Pink.

Puis vient la V3, le début des années 2000, la sortie de nouvelles armées comme les Black Templars et, avouons-le, le développement de nouvelles teintes de peintures... Et là c'est la fête du marron !

Je me souviens encore de mon premier choc traumatique avec le marron. Mon avatar de Khaine, le Dieu à la main qui coule. Peint avec amour suivant le fluff du codex Eldar V2 : Une couche de jaune, du rouge dans les creux, puis du brossage doré, puis argent puis doré encore pour finir avec une laque translucide phosphorescente. C'était le plus beau ! Il brillait de mille feux de jour comme de nuit ! On ne voyait que lui sur la table et son ramage se rapportait « grave » à son plumage.


Mais oui, voilà, ça c'est beau !!! Ça part bien !!!

Mais voilà, j'étais dans un club, pardon une secte (NDLR : en prenant garde de ne pas généraliser, il existe des associations à l'esprit ouvert), qui ne jurait déjà que par le lavis « chestnut ». Et tout le monde se moquait de ma peinture médiocre (nulle) et voulait m'aider à améliorer mes aplats multiples et variés pour « améliorer le rendu visuel et donner du relief à mes figurines ».

Après m'être lassé de répondre « ce sont des figurines, elles sont déjà en relief, connard » pendant des mois, j'ai craqué et je donnais à un de ces pseudos peintres d'élite mon précieux. La première figurine que j'ai jamais acheté et la plus belle : mon avatar.

Ce cuistre a donc appliqué de multiples lavis, vert, rouge, marron... peu importe, à la fin, mon Dieu de la lave en fusion ressemblait à une vulgaire statue de bronze bon marché. Mes yeux s'ouvrirent alors sur une triste réalité du hobby : l'uniformisation était en marche et elle n'allait pas s'arrêter.


Mon précieux !!! Nooooooooon !!!!

Cette Marronite Médiocre se répandait dans toutes les classes sociales du hobby comme une peste. Peste ? Mais oui, la corruption avait commencé par là... Nurgle. Des figurines classes, un fluff suffisamment iconoclaste sans être dérangeant comme le reste du chaos et des caractéristiques qui poutraient. Peindre du marine de la peste à gogo ou du guerrier du chaos de Nurgle à foison avait entamé la contamination du hobby et j'étais seul à le voir... En fait pas vraiment, mais pour la montée de la tension dramatique, je conserve la phrase.

Bref, quelques années plus tard, où en sommes nous ? Nous sortons d'une période ou le Devlan Mud était le saint Graal maintenant remplacé par les fifty shades of brown de Games Workshop qui vous permet de peindre du marron en couches successives (comprendre 3 pots pour arriver au même effet que le susmentionné Devlan Mud).

Du côté pro (quand je dis pro, je parle des peintres qui vont au Games Day pour autre chose que « gluter » devant la peinture des autres), la tendance est moins diffuse. Mais quand elle apparaît, c'est un festival de « marronnasse » concentré et illisible.

De préférence sur des grandes pièces et des dioramas, comme un énorme étron devant lequel les spécialistes (je ne met pas de guillemet car ils sont vraiment meilleurs que moi pour juger sans préjugé) se rengorgent de satisfaction car « la scène fourmille de mille détails » ou parce que la scène présente une unité de tons obtenue par « la superposition de couleurs chaudes et froides pour créer les contrastes dans les détails », on parlera de roue chromatique et autres termes techniques. Oui. Bravo. Sincèrement.


Regardez le fourmillement de... Euh non, rien... Pardon... 
(© 2013 Rémy Tremblay. Tous droits réservés)

Il n'empêche que j'appelle cela marron !

Mais vient le temps de l'aveu. Parce que oui, ma légitimité à cracher dans la soupe mixte de légumes d'hiver (la plus déprimante) vient du fait que moi-même j'ai cédé au marron.

Je me suis récemment relancé dans la grande aventure de la peinture pour aller à des tournois et comme je suis encore plus fainéant que je ne suis haineux, j'ai cédé à la facilité du dipping ! Qu'est-ce donc ? Simplement la trempette de votre figurine dans un bain de lasure couleur bois quelconque.

Parce qu'il faut bien le reconnaître, ça permet de gagner un temps fou pour creuser les reliefs d'une figurine sans effort. Et ce, quelque soit la couleur en-dessous. Votre seul défi est d'enlever le trop plein et de choisir un ton plus clair pour les figurines majoritairement peintes en tons clairs (blanc, bleu, jaune, rouge etc...). Bref, j'aime cela.

Du coup, parce que c'est cool d'être à la mode, je fais de la trempette et j'aime la trempette. J'ai acheté un pot de Quickshade Army Painter en ton clair (le ton très sombre mange trop les couleurs, le ton intermédiaire est... bâtard). Ne me reste plus qu'à choisir un schéma de couleur joli et cohérent (et relativement rapide...)

Alors, quel schéma ?

L'armée a énormément d'armures (sans compter les Warjacks), un bon tiers de l'armée n'a pas d'armure mais des fringues issues de la guerre d'indépendance US ou de la guerre de sécession. Et ils ont la moitié de l'armée qui manipule de l'électricité.

Pour l'électricité, ne faisons pas original, je vais partir sur un Arcane Blue P3 éclairci au blanc. Facile. Pour les armures, je pense m'inspirer de la Silver Line Stormguard : des armures étincelantes de métal (Pig Iron P3 éclairci au Quicksilver P3) avec des accents de Solid Gold P3. Ensuite il me reste les tissus et les « cuirs ».


du bling en veux-tu, en voilà !

Et là l'hésitation est totale. Noir ? Je suis nul sur le travail du noir mais c'est l'occasion d'apprendre (NDLR Il se trouve que le rédac'-chef a déjà essayé avec un rendu table-top qu'il trouve convenable dans cet article). Gris ? Déjà fait avec mes elfes et au bout d'un moment, j'ai l'impression d'être sur le boulevard périphérique parisien en train de conduire un jour de pluie... Non merci. Bleu sombre ? Encore plus tentant, pour deux raisons : c'est fluff (c'est l'ancienne couleur de l'armée avant le coup d'état et cela donnerait un cachet vieux briscards à toute l'armée) et c'est proche de la tonalité sombre que je désire apporter avec le noir (parce que je suis sans illusion, le dipping sur le noir ne suffira pas alors que sur l'Exile Blue P3, il passe bien...). Je pourrais essayer cela. Gardons le aussi dans un coin.

Enfin, le rouge. Ah, tentation permanente, le rouge (et sa variation, l'orange) qui iraient tellement bien avec de l'électricité bleue pour une armée plus chatoyante que sombre (et donc sans doute moins pénible à faire à la lumière électrique. Plus qu'une envie, un désir... on expérience du rouge sur mes Cryx m'a permis en outre de voir que c'était assez rapide à faire et facile avec une palette humide, mon épiphanie de 2011. Un petit coup de Khador Red Base P3 avec un éclarci au Khador Red Highlight P3 voire au Cygnus Yellow P3 et hop, ça fait la blague. Définitivement mon chouchou dans les pronostics.

Et évidemment, trempette pour les creux. :)

Comme d'habitude, je vais sacrifier une ou deux figurines à l'autel des tests affreux et me rendre compte de la faisabilité de la chose. Si cela se trouve, je finirais avec des Cygnar blancs, parce qu'à chaque fois que j'en vois sur internet, ça claque. Vous en saurez plus dans mon prochain article, ou pas.

Et puisqu'on a aussi vocation à être autre chose que polémique (parfois), je vous mets ce lien vers le blog Arcane Paintworks d'une ex-peintre de Privateer Press, Meg Maples, qui explique très bien l'usage des métalliques de la gamme P3. Le reste n'est pas dégoutant non plus, vous y verrez du marron, soyez rassurés.

Et vous, que peignez-vous ?