Je commence la figurine il y a,
pfiouuuuuu, 20 ans maintenant quand un copain de Lycée me montre
pour la première fois ses armées de Warhammer Battle et m'initie à
ce jeu rapidement (mes nains défoncent ses orques grâce à un
placement judicieusement chanceux d'arbalétriers sur une colline en
fond de table).
Je ne compterai pas les multiples parties de Hero
Quest faites avant, malgré les figurines, je considérais cela comme
un jeu de plateau avec des pions à peine plus gros que ceux de mon
Monopoly 50ème anniversaire (comme quoi, la frontière est ténue).
Pourtant je ne me lance pas tout
de suite dans l'univers fantastique des petits bonshommes
peinturlurés. Au contraire, il faudra attendre ma première année
de fac pour redécouvrir la figurine dans son aspect le plus "fantastique" : 40k.
Je dévore les livres de mon colocataire et
ce chacal vérolé me tend un piège odieux en m'offrant un
Dreadnought Eldar peint par lui (fort joli par ailleurs) et deux
trois broutilles... Le piège se referme sur mon esprit faible et
malléable et je me retrouve à engloutir des sommes considérables
(mais en Francs Français) dans ce jeu qui en était alors à sa
deuxième édition (qui a mon sens ne sera jamais égalée malgré la
somme considérable de bugs, vous voyez le lien avec le titre) pour
jouer des parties des weekends entiers (en incluant la nuit) sur des
parties à 4000, 5000 ou 6000 points. Indigeste, long, déséquilibré
au possible (à 4000 points, personne ne peut battre des Space
Wolves, même avec une phase de magie de 4 heures !!!)
Encore une pause et je reviens au jeu
quelques mois plus tard en v3 de 40k. Une horreur mais je passe de
bons moments avec des potes à pousser des tonnes de 'gurines dans un
jeu qui est quand même nettement plus fluide. Où est le problème ?
Un autre chacal vérolé de mes amis me fait découvrir un nouveau jeu... Confrontation.
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Oui, avant d'être un jeu PC pourri, c'était un jeu de figurine pas beaucoup mieux ! |
Je passe un semestre à me rire de son jeu
ou les figurines ne bougent plus une fois au Corps à corps et ou il
est évident que les nains et les bonshommes drogués sont plus forts
que les autres.
Oui mais là, re-PAF ! Il m'offre
des figurines du griffon, notamment Mirà (mon amour de jeunesse
post-pubère) et la Prêtresse de Fer (une autre coquine qui
s'ignore) et tant d'autres... et il me fait jouer chez lui dans une
ambiance détendue à base de pizza, de bretzels aux cafards et de
parties à 3, 4 ou 5 joueurs en 300 points chacun. Ca dure toute la
nuit, c'est un gros melting pot brouillon au milieu et à la fin les
mecs drogués et les nains gagnent, comme prévu.
Mais comme disent
les Américains : first fix for free. Du coup, je tombe dedans
et j'achète tout en bon collectionneur fou. Je monte les figurines
« inmontables » (parfois avec l'aide d'un pote qui peut
tout tiger même l'intigeable) et je les fais peindre (oui je faisais
peindre ce sera l'objet d'un autre article... Ou pas).
Mais voilà, Confrontation est un jeu
d'escarmouche. Et jouer 6 figurines quand on en possède 300 c'est
frustrant. Après tout, j'avais commencé en jouant des parties
massivement indigestes, pourquoi me limiter à un apéro tout aussi
indigeste ?
Mes souhaits allaient être exaucés :
Rag'Narok première édition arrivait. Massif, buggué, long... Tout
ce qu'il me fallait. Je lâchais donc l'escarmouche pour la bataille
de masse.
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Cette situation de jeu ne pouvait pas arriver. Jamais. |
Et en parallèle, je satisfaisais ma nostalgie du dungeon
crawler avec Hybrid/Nemesis, ce chef d'oeuvre méconnu qui vous faisait
plonger dans les entrailles de laboratoires envahis par les mutants
qui y sont créés à la tête d'une équipe d'aventuriers aux nerfs
d'acier.
Puis après cette époque dorée vint
la Troisième Epiphanie (je vous passe la tonne de jeux plus ou moins
pourris que je me suis frappé pour faire plaisir à des potes qui
aiment les jeux austro-moldaves non traduits avec des figurines en
17,5mm. Oui je pense à un jeu avec des socles octogonaux et des
figurines hideuses sur de l'herbe statique plus grosse qu'elles,entre autres).
Cette troisième épiphanie s'appelle
AT-43. Oui, ce jeu est au jeu de figurine ce que le Tournedos Rossini
est à la gastronomie Française : un fleuron.
J'ai joué plusieurs armées et si les
Nécr... pardon les Therians avaient ma préférence et de loin, les
Karmans, l'UNA et les Cogs ont vraiment été un plaisir un jouer.
Seul le Red Blok me laisse froid, pour des raisons personnelles
floues.
A la mort de Rackham-E (qui était déjà
le phenix-poulet de Rackham dûment coulé par un ramassis
d'incompétents), le jeu ne lui a pas survécu, le nouveau détenteur
de la licence ne sachant pas trop quoi en faire (là aussi un autre
article... Ou pas).
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Repose en paix, chef d'oeuvre de tactique et de fun... |
Mais c'est en faisant des
démonstrations d'AT-43 sur un salon aux USA que je me suis retrouve
face à ce qui devait être le jeu autour duquel j'aurai le plus
tourné dans ma vie : Warmachine.
En effet, un pote (Martin, si tu nous
lis, je pense surtout à toi, vil faquin) jouait au jeu déjà et à
la suite de cette découverte, il entreprit de me défoncer, pardon, de m'initier au jeu. Pendant les quelques parties que nous ferons, je
n'en gagnerai pas une. Mais bizarrement, à chaque fin de partie, au
lieu de ressentir la déception de n'avoir rien pu faire (et pourtant
je prenais des vraies tannées) ou pire, la déception de n'avoir rien
eu à faire que de jeter un seau de dés en espérant faire 3+,
j'entrevoyais toujours le moyen de ne pas répéter mes erreurs et
d'adopter une nouvelle stratégie pour tenter de battre ce gros porc
immonde qui me servait de pote.
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Un bouquin en noir et blanc à la page 5 mythique. |
Pourquoi dis-je tourner autour du jeu ?
Parce qu'au moment où je découvre le jeu, il a 5 ans d'existence.
Il est très fourni en figurines et son héritage issu du JdR (ainsi
qu'un culture ludique issues de Games Workshop de la plupart de
l'équipe) fait que le jeu est alourdi par un power creep
hallucinant. Les nouveautés chassent les vieilles références à la
vitesse de l'éclair et les cartes deviennent trop petites pour
mettre toutes les compétences spéciales de chaque figurine. Pire ! Les robots ne servent tellement à rien que l'on appelle le jeu "wartrooper" dans les clubs qui y jouent. Bref,
le jeu atteint le point caca et j'arrive trop tard.
Pourtant des gros robots (et quand je
dis gros, ils sont plus haut et large qu'un Dreadnought de chez Gros
Wautour, ma figurine préférée) dirigés par un sorcier tellement
bourrin et charismatique que le simple fait de le changer change
tout le gameplay de l'armée et le simple fait de le voir mourir met
fin à la partie, un monde médiéval fantastique à tendance
Steampunk, des armures, des dragons, des ninjas, des elfes (enfin pas
encore à l'époque) et des PUTAINS DE PIRATES !!! tout y est !
Il manque un sandwich et les chaînes pornos du cable et vous avez le
jeu parfait pour vos hormones.
Mais non, je ne me lancerai pas tout de
suite.
Il faudra attendre 2009 et le teasing
odieux de Privateer Press, l'éditeur du jeu, sur une deuxième
version du jeu à venir début 2010. Je télécharge la béta
publique, je lis, effectivement c'est streamliné à mort et
drôlement alléchant.
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Un plus gros bouquin en couleur ou le plus important redevient les règles. |
On garde les points forts : les
jets de compétences avec 2d6, la très haute mortalité des
figurines sur la table, le côté offensivo-agressif-pan-dans-ta-face
du catch avec des gros robots et des bestioles géantes (oui entre
temps, Hordes est apparu et si le jeu est différent sur les gestion
de la magie et son influence sur les gros machins, les deux sont
totalement compatibles) et le côté comboteur et hautement cérébral
d'un jeu de placements et de déplacements en tour par tour ou
l'activation de chaque figurine doit être complète (mouvement et
actions) avant de passer à la suivante.
On jette ce qui entachait le jeu de
tellement de défauts : finies les petites compétences
rigolo-fluffiques lourdingues. Finis les décomptes de points
d'armées à la YuGiHo en centaines de milliers de points d'armées
ou certaines gurines faisaient 64,2 points et d'autres 197,56 (l'auteur
se réserve le droit d'exagérer).
On remet une dose de choses biens :
Une meilleure gestion des lignes de vue (même si tout aussi
complexe) et dans l'ensemble un rééquilibrage brutal et salvateur
des profils.
Quand le jeu sort en 2010, c'est la
claque. Les vieux bougons sceptiques sont heureux du changement, les
nouveaux adorent. Bref, c'est le renouveau du jeu.
Et depuis, je dois dire que je n'en
vois pas la fin. Aucun sentiment de lassitude, le jeu se renouvelle
sans cesse. Cette année sont sortis des figurines colossales. Grosso
modo l'équivalent d'un titan (les plus petits mais quand même).
Tout le monde aurait pu craindre un déséquilibre flagrant mais non,
le système de jeu le permet. Leurs profils apportent un réel
changement de gameplay mais certains joueurs se permettent de ne pas
les jouer et gagnent quand même.
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La figurine à droite c'est du "28mm" (donc du 32). |
Chaque supplément apporte son lot de
nouveaux warcasters, soit complètement nouveaux soit une nouvelle
version d'un ancien (oui, la ligne temporelle est évolutive, du
coup, les casters changent au fil du temps, sans remplacer le
précédent et sans contrainte de jouer dans une époque spécifique
pour garder l'équilibre) et de troupes et de robots/bestioles.
Aucune référence n'est obligatoire pour gagner. Aucune référence
n'est tellement uberfumée que cela rend le jeu vomitif. Et surtout
le powercreep est complètement neutralisé et l'obsolescence des
références n'existe pas.
Warmachine n'est pas le jeu de votre
premier choix (je vous vois bande de lecteurs en train de zyeuter le
livre d'armée Haut Elfe et ses demoiselles d'honneur cheatées, ou
de lire le codex Nécrons en imaginant jouer 9 volants juste pour
faire râler le codex précédent). Mais c'est le bon choix de jeu à
mon sens.
A une époque ou les jeux vous proposent de lisser la statistique par le nombre (les jeux GW qui vous font lancer des d6 par multiples de 100 à chaque phase), des règles "complexes mais pas compliquées" pour justifier qu'un jeu d'escarmouche va prendre 3 heures à se finir avec 4 figurines de chaque côté, Warmachine s'en tient à une attitude simple : le jeu est long, complexe, les interactions de règles sont tellement nombreuses que vous n'en ferez pas le tour en un an de tournois et pourtant les conflits entre ces règles sont inexistants et la ligne éditoriale du catch de gros robots/bestiaux est plus que jamais présent.
Avec la nouvelle version française qui arrive (non Rafpark, ce n'est pas du fan-made !), je vous invite à découvrir ce jeu qui est une bonne alternative à ce que vous connaissez ailleurs.
Dans un prochain blog, je parlerai donc de quelque chose d'autre, comme les anecdotes croustillantes du milieu du jeu, l'indolence passive des professionnels et l'hyperactivité brouillonne des joueurs. On va se faire de potes et donner des vrais noms !
Ou alors, je parlerai d'autre chose...
Et vous à quoi jouez-vous ?
G.